Camille, mon envolée – Sophie Daull

Camille mon envolée    Dès le titre, une émotion. Dès les premières pages, le coeur serré et ravagé. Camille est morte à 16 ans, la veille de Noël. Une fièvre, des douleurs, des médecins qui ne veulent rien entendre. Une vie qui s’envole.

Ce premier roman est déchirant. Sans doute parce qu’il est autobiographique, sans doute parce que c’est une mère qui s’adresse à son enfant partie quelques mois auparavant. Deux temps de narration se croisent : le récit des jours de souffrance de l’enfant puis des funérailles d’un côté, une sorte de journal tenu ensuite et adressé à l’enfant.

On plonge dans ce texte en apnée. On sait ce qui arrive à Camille, on sait vers où elle va et pourtant, on espère, on fulmine après ses médecins qui ne jugent pas bon intervenir. Du Doliprane. Une enfant morte.

J’admire le courage de la mère, capable de pouvoir se tenir droite et brandir son texte. Je reconnais encore une fois la puissance de l’écriture qui permet d’exorciser et d’avancer. C’est un texte sublime, écrit avec une belle simplicité. Néanmoins, et c’est juste un ressenti de lectrice qui a du mal avec cela, j’ai été assez vite mal à l’aise.

Encore cette impression d’être voyeuse, de rentrer dans un drame réel alors que n’y participe pas. Je suis incapable, je crois, de me poser dans un livre qui réflète la souffrance réelle de gens existé. De la même manière que je peine à regarder informations et reportages sur la misère dans notre monde. Je déteste refermer un livre, éteindre une télévision et reprendre une vie normale après avoir pris le drame des autres en pleine face.

Alors, évidemment, ce texte est un très bel hommage et un puissant cri d’amour et de survie que je conseille à tous les lecteurs n’ayant pas peur de se frotter à l’intime des autres. Moi, je file sur la pointe des pieds, avec cette angoisse qu’a toute mère le jour où son enfant voit le jour : et si je le perdais ?

Les avis de Jostein, Antigone,

 

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26 réflexions au sujet de “Camille, mon envolée – Sophie Daull”

  1. J’ai pensé à ma fille, forcément (presque le même âge) mais ce texte ne m’a pas mise mal à l’aise pour autant, je pense qu’il permet aux vivants de conserver l’image intacte de sa fille… et puis je l’ai trouvé plein de vie. Par contre, c’est tellement révoltant que l’on puisse laisser mourir comme ça une jeune fille, et c’est l’incompréhension qui a été mon sentiment principal dans cette histoire !

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    • Comme toi, l’incompréhension, la révolte !
      Pour le reste, je sais que j’ai un problème avec ça 😉

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  2. Je comprends ce que tu ressens, cette incapacité à être présente, proche, à endosser la douleur des autres et cette crainte que la même chose nous arrive, car elle peut nous arriver aussi bien sûr, nul n’est à l’abri malheureusement. Pour ma part, je n’associe pas cette émotion à du voyeurisme mais plutôt à du partage, à de l’empathie. Je pense sincèrement que l’écriture de ce texte a aidé cette mère et que savoir qu’elle est lue, entendue, l’aide encore davantage à garder vivante « sa » Camille. Bien sûr je peux me tromper sur toute la ligne et être « à côté » complètement. Mais…
    Merci Stéphie de faire voyager ton livre et de me permettre ainsi de le lire aussi. Bises

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    • Ah mais je n’interprète pas mal le besoin et la portée voulue par cette maman.
      Juste que j’ai du mal à trouver ma place dans ce genre de récit.
      Bises

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  3. Je suis incapable de lire ce genre de livres, je ne peux pas m’empêcher de transférer et je pleure toutes les larmes de mon corps ! Et je te rejoins aussi sur ce malaise à lire cela !

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  4. Je pense que, comme toi, je n’aimerai pas trop avoir le sentiment d’être voyeuse… Pour autant, je reste tentée et intriguée…

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  5. Erf je vais attendre un poil, besoin de livres doudous en ce moment, c’est la rentrée quoi, il faut y aller doucement 😉 on verra plus tard (passque tout de même, la maternité, bon ben, c’est mon sujet, alors j’irai jeter un œil ou 2 dans ce livre !)

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  6. ouh punaise c’est pas un livre pour moi, déjà que j’ai pas dormi de la nuit parce que j’ai eu le malheur de penser hier soir à la chanson « vole mon ange » de Céline Dion et que j’ai donc passé 3h à pleurer…

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  7. Je viens de le lire. En plusieurs fois, pour reprendre mon souffle. Pour respirer. J’ai même été dans la Nature pour le lire, ce dimanche… On n’est pas voyeurs. On est comme son entourage : on essaie de l’encourager à supporter l’insupportable. On s’indigne des fautes successives des médecins. Révolte. Et on a vraiment envie que Camille ait une nouvelle vie : celle du livre….<3

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    • Je suis ravie de voir que vous avez aimé. Pour la position de voyeur, je sais bien que ce n’est pas ce qui est recherché par l’auteur. C’est juste ainsi que je me sens dans ce genre de récit. Un excès de pudeur mal placée ? Sans doute. Mais j’essaie de me soigner 😉 Merci de votre commentaire.

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