Un-Printemps-Tchernobyl

    Attention gros coup de coeur BD, encore grâce à Noukette mais ça ne doit plus trop vous surprendre. Je ne connaissais pas du tout Lepage et voir la miss Noukette s’enfiler cette BD m’a donné envie de la lire dans la foulée. Et ce fut littéralement un choc, un déferlement de sentiments contraires.

    Cette BD est une oeuvre de commande au profit d’une association pour les enfants de Tchernobyl. L’auteur s’y est rendu avec toute une équipe afin de réaliser un carnet de voyage. 

     » On me donnait l’occasion de réaliser, pour la première fois, un reportage en dessin. Je ne serai pas seulement témoin du monde, mais « impliqué » ! Acteur ! Militant, quoi ! »

    Après une partie documentaire très intéressante, Lepage se lance dans les croquis de tout ce qu’il voit sur place. Et là où on est aussi surpris que lui d’ailleurs, c’est de s’apercevoir que Tchernobyl ce n’est pas que la catastrophe, ce ne sont pas que les paysages dévastés,la ville fantôme. En effet, la vie y reprend doucement ses droits, des gens y vivent encore – par résignation pour certains, par choix pour d’autres. 

    Un printemps à Tchernobyl est une oeuvre foisonnante. J’ai été séduite non seulement par ce que j’y ai appris mais également par le talent de l’auteur qui est à la fois un grand dessinateur mais également un grand « passeur » d’histoires et d’émotions. Cette bande dessinée est une véritable oeuvre d’art dans laquelle se côtoient des vignettes très différentes allant du fusain à l’aquarelle. D’ailleurs, si elle est majoritairement dans des nuances sépias, certaines planches sont carrément plus sombres – en noir et blanc – et par la suite, on assiste à une intrusion progressive de touches de couleurs pour découvrir ensuite des vignettes complètement en couleur. Quelle explosion de couleurs et de sensations, quelle galerie de paysages et de personnages.

     De ce jeu de tons ressort le message le plus fort de ce livre : l’espoir et la prédominance de la vie sur la mort. Même si la partie tragique de l’événement n’est pas du tout diminuée, l’auteur fait partager ce à quoi il ne s’attendait pas et qu’il a découvert sur place : la vie.

    « Mais non, ce n’est pas la mort que je suis venu toucher… Mais ce qui me fait peur, ce qui se dérobe à mon regard… L’inconnu… le mystère… Et c’est la vie qui m’a surpris… »

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