Eh bien, pars, que veux-tu que je te dise ? Tu penses peut-être que je vais te retenir… mais je t’ai déjà bien trop retenue. Des mois à patienter, à tenter 

hommede comprendre… non pas comprendre, admettre plutôt. Car ce que la raison entend, le coeur ne l’admet pas toujours. Tu m’as demandé du temps et tu l’as eu. Tu m’as dit que tu allais agir. Mais peut-on vraiment considérer que tu l’as fait ? Tu as simplement laissé pourrir la situation, lâchement, quoi que tu en dises. Alors cette fois, je n’ai plus la force d’être toujours celui qui te voit retourner à une vie dans laquelle je n’ai pas de place.

    Non, non, ne te retourne pas. A quoi bon ? Il arrive un moment où l’évidence est là et où il faut avancer. Retourne à ton foyer, retourne à ta routine. Assume tes choix, mais ne te retourne pas. Toujours aller de l’avant, quoi que l’on décide. Pour ma part, je vais fermer cette fenêtre… ne plus jamais espérer te voir arriver, ni entendre le crissement de tes talons dans le gravier.

    Je le sais, tout aura, quelques temps, un goût amer, voire rance. Et puis le temps adoucira ma peine, érodera les bords saillants de mon chagrin. Jour après jour, mon coeur se serrera moins, mon ventre se tordra moins à la simple évocation de ton nom. Il le faut…

    Cette fenêtre va donc se fermer, à l’image de la fenêtre ouverte qu’a pu représenter notre histoire. Et une fois ces volets fermés, je pourrai pleurer, à l’abri des regards. Et si coeur et corps crient déjà le manque de toi, mes lèvres resteront closes, dépositaires du peu de dignité qu’il me reste encore.

 

     Photo de © Romaric Cazaux pour l’atelier de ma copine Leiloona  

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