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© Romaric Cazaux

    Des années ont passé depuis que nos chemins se sont séparés. Et je ne sais si aujourd’hui encore, elle me hait. Quand je l’ai quittée, je lui ai dit ces quelques mots qui l’ont mise dans une colère effroyable : « Je sais qu’un jour, nous nous retrouverons. » Elle est de ceux qui pensent que si on laisse fuir le bonheur, on ne le rattrape jamais ; que tous les moment qui nous ont échappé sont perdus à jamais. Mais je ne l’ai pas écoutée…

    A ma décharge, j’avais une vie. Une vie sans elle, certes, mais une vie tout de même. Je n’étais pas prêt à assumer de risquer le malheur des miens afin de succomber à la griserie des moments volés avec elle. Et si je me trompais, et si tout se brisait. Alors à la passion, j’ai préféré la raison. Et si j’ai connu des bonheurs, je n’ai jamais cessé de penser à ce que ma vie aurait pu être à ses côtés. Jour après jour, j’ai assumé tous mes devoirs : de père, de mari, d’employé modèle. Je ne saurai dire que j’ai été malheureux mais il m’a toujours manqué ce je ne sais quoi en plus qu’elle apportait à mon quotidien, cette façon qu’elle avait de pouvoir m’accrocher aux lèvres, ce petit sourire niais… qu’elle aimait tant.

    Aujourd’hui, je l’attends. Désormais, j’aimerais voir venir le jour où je vais la retrouver. J’ai essayé de la recontacter, ai déposé un message avec ce lieu de rendez-vous… voilà des heures que j’attends, seul… C’est foutu, elle ne viendra plus.

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