Mens sana in corpore sano

 mens-sana   Il y a quinze jours, je vous parlais du souci d’être hors-norme. Et vous avez été nombreux à me lire et à partager cet article. Merci.

    J’avais mis davantage l’accent sur mon extrémité de la norme : trop grande, trop dodue, trop grands pieds. Et j’ai été très touchée également par les commentaires de personnes à l’autre bout de cette même norme.

    J’ai reçu de très bons conseils pour me vêtir et me chausser plus facilement : des labels spécialisés dans les grandes tailles, des groupes Facebook dédiés à de la vente de vêtements « Curvy ». J’ai fait quelques achats cette semaine. Histoire de sentir joliment habillée, de donner le change, de ne pas montrer que je me sens enfermée dans ce corps. Prisonnière. « Mens sana in corpore sano », c’est tellement ça.

    Mais je persiste dans ce que j’ai réellement voulu soulever lors du précédent billet. Ras-le-bol de la ségrégation. Toutes proportions gardées, un rayon « grandes tailles » au fond du magasin, c’est un peu comme quand les noirs n’avaient le droit que de s’asseoir au fond du bus. De quoi bien rappeler aux gens qu’ils sont différents. Et forcément exclus. Ah mais non, vous avez le droit de vous habiller mais au fond du magasin, hein. Que nos clients ne vous aperçoivent pas depuis l’entrée. Sait-on jamais… si c’était contagieux, cette affaire.

    Depuis, j’ai pris (pour la troisième fois, certes) le chemin d’une réunion Weight-Watchers.

    Pourquoi cela ? La fille, elle fait un article pour revendiquer l’égalité des gens hors des normes. Et elle souhaite pourtant y retourner. Enfin, en partie. Le poids, finalement, puisqu’il va s’agir de cela, c’est une question vraiment intime. Si l’on ne peut nier les soucis de surpoids qui viennent de la santé, des saloperies dont on nous gave, il y a un rapport très psychologique avec tout cela.

    Il m’a fallu deux ans de thérapie pour commencer à admettre que j’avais de la valeur, vraiment. A mes yeux. Il m’a sans doute fallu la sortie d’un roman pour me dire que je pouvais vraiment réussir des choses. Pour arrêter de souffrir de ce putain de syndrome de l’imposteur. Pour apprendre à m’accepter dans mes différences. Et pour commencer à me foutre du regard et de la méchanceté d’autrui.

    Ces conneries m’ont réveillée la nuit. Pendant près de deux ans. Et la seule chose qui me rendormait : manger sucré et/ou gras. J’ai bien cru ces derniers mois que cela pouvait recommencer. Les chagrins d’amitié sont parfois encore plus dévastateurs que les chagrins d’amour. Mais j’ai la chance d’être portée par l’amour de mon fils et celui de mon frère. Et d’avoir su ignorer (un peu moins lentement que d’habitude) ce qui me faisait du mal.

    Certains boivent, d’autres se droguent. Moi, j’ai noyé mes douleurs dans la nourriture. J’ai compensé. Et on sait désormais que l’on peut avoir une addiction au sucre, que cette merde fonctionne comme une drogue.

    Je me sens désormais légère dans ma tête. Avec toujours quelques valises cachées au fond du coffre (très jolie métaphore de ma copine Tag), mais que je finirai par déposer sur une prochaine aire d’autoroute. De fait, mon corps me freine. Au sens propre comme au sens figuré.

    Je serais une menteuse si je vous disais que ma seule motivation est ma santé. Néanmoins, j’ai maintenant 40 ans et aucune envie de tenter le diable. sport

    Mais il est vrai que j’ai envie de retrouver un corps dans lequel je me sens bien, de pouvoir retrouver le chemin de la salle de sport sans craindre ni les regards sur mon corps disgracieux, ni de me faire mal. Alors voilà, j’ai retrouvé le chemin de Weight-Watchers, seul programme qui parle de plaisir dans l’assiette, qui parle bon sens mais pas interdiction. On m’a dit « Tu vois bien que ça ne marche pas, tu as déjà essayé deux fois. » Certes, mais ce n’est pas le programme qui ne fonctionne pas. C’est juste que je n’étais pas prête, psychologiquement. Et que j’ai sauté du train en marche. Deux fois.

    J’ai perdu 1.6 kilos cette semaine. J’ai mangé équilibré, j’ai refait de l’activité physique (marche, nage, danse). Et même si je sais que le chemin va être long et caillouteux, même si je sais que ce n’est qu’une première pierre pour construire un très haut mur, je suis heureuse de l’avoir posée.

    Je vous dirai dans quelques semaines, si je m’y tiens ou non.

Le dimanche

36 réflexions au sujet de “Mens sana in corpore sano”

  1. Ce que tu dis là est très touchant Stephie. Tu sais, des valises au fond du coffre on en a tous. Moi, je ne les dépose pas sur les aires d’autoroute mais sur les sentiers de rando. D’ailleurs, la derniere fois que j’ai voulu faire ça, je me suis rendue compte que la valise avait déjà été déposée avant, sans que j’en prenne pleinement conscience. Il y a bien entendu parfois quelques valises qui ont tendance à revenir. J’essaie de les accueillir et de les regarder partir, jusqu’à la proche fois, ou pas.
    Quoi qu’il en soit, je te souhaite beaucoup de réussite. Je sais que ce tu vis est difficile à avaler. Mais tu vas y arriver !!!!

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  2. Beau billet…tu te relèves, tu te reconstruis avec de l’amour. La méchanceté et le regard des autres est une grande difficulté.
    Mauvaise nouvelle : on ne peut pas être aimé de tout le monde
    Bonne nouvelle : on en a rien à foutre (enfin on essaie).
    Je t’embrasse fort

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  3. Je te souhaite d’y arriver, tu sembles en avoir réellement l’envie, c’est déjà un point essentiel. Et oui, tu as de la valeur, et pas uniquement à te yeux, aux nôtres aussi.

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  4. Hello Stephie, je te souhaite de te sentir de mieux en mieux et que ça continue à te faire du bien. Même si on ne se connait qu’à travers les lectures, et de beaux moments à discuter, tu es une personne agréable, drôle et qui est un petit rayon de soleil à chaque fois que je te croises. Je comprends c’est difficile d’oublier le regard des autres mais je ne doute pas que tu vas continuer à élaguer ce qui te fait du mal. Bon courage pour la suite du programme. Bises amicales Nath

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  5. Tu peux aussi te tourner vers la nourriture asiatique si tu aimes ça : hyper équilibré et « goutû » tout en restant léger. Et c’est bon pour la santé. Je suis allée voir récemment une femme qui pratique les médecines chinoises : acupuncture, hypnose et qui travaille aussi sur la nourriture. Je mange sain et bon et j’adore !

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  6. Beau billet ! je l’écris ici plutôt que de te le dire en mode privé sur Facebook. Te « rencontrer » cette année m’aura menée sur des chemins que je n’aurais jamais pensé arpenter. J’apprécie que nous « marchions » ensemble et que nous accordions nos pas sur les jolis sentiers de l’écriture.

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    • Tu es également une des belles rencontres que j’ai faites. Et qui fait partie de ces jolies choses qui aident à avancer !

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  7. Je te souhaite d’y arriver, très sincèrement. J’aime beaucoup la métaphore des valises ; pour ma part, je sais que je n’arriverai jamais à les déposer, mais si je pouvais déjà les rendre plus légères, cela me plairait. Bon dimanche 🙂

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  8. « Certains boivent, d’autres se droguent. Moi, j’ai noyé mes douleurs dans la nourriture. J’ai compensé. Et on sait désormais que l’on peut avoir une addiction au sucre, que cette merde fonctionne comme une drogue. »

    Je suis exactement dans ce cas-là. Mon addiction au sucre a commencé au collège (où j’ai subi le harcèlement scolaire) et depuis je gère mes émotions avec ça. C’est également à ce moment-là que je me suis mise à avoir un rapport désastreux avec mon corps. J’ai fait mon premier régime à 15 ans, pensant que j’étais grosse alors que je ne l’étais pas, et pendant 15 ans j’ai enchaîné régimes et crise de boulimie. Il a fallu que j’atteigne mes 28 ans, que je fasse une dépression qui me fasse prendre plus de 35 kilos et que je devienne grosse pour de bon (et même obèse) pour que je décide que maintenant j’allais arrêter les conneries et cesser de malmener mon corps. J’ai laissé tomber les régimes (qui sont de toute façon une aberration) et j’ai découvert la méthode Zermati avec laquelle j’ai réussi à stabiliser mon poids en 2013 et à le maintenir pendant 3 ans. Depuis le début de cet été j’ai recommencé à perdre mais la route est longue, j’ai 35 kilos à perdre, toujours de gros soucis émotionnels et une addiction au sucre à tuer 🙂

    Et oui, il faut être prêt psychologiquement pour perdre du poids, parce que bien souvent on se sert de celui-ci comme d’un bouclier entre le monde et nous ; et si nous ne sommes pas prêts à perdre cette protection, alors on ne perd pas – ou on perd et on reprend aussitôt derrière.

    Bref. Courage Stephie. You can do it. <3

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  9. Moi je te dis bravo, les petits ruisseaux, etc. c’est banal mais pour perdre du poids ET ne pas en reprendre, c’est vrai, il faut du temps de la patience , et fais toi plaisir aussi de temps en temps.
    (anecdote pour te faire rigoler, mais bon, je ne suis pas à plaindre je gère, j’ai repéré qu’en supermarché les seuls soutiens gorge à ma taille sont rayon… gamine! (et ça c’est nouveau!)

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  10. Des bisous Stephie ! Il faut parfois s’y reprendre à plusieurs fois pour réussir… et/ou attendre le moment venu. Et ton chemin aide celles qui te lisent, moi d’ailleurs déjà qui manque tellement de confiance en moi, et qui à 44 ans s’attelle enfin à changer ça, la timidité, et comme tu le dis le sentiment d’imposture… 😉 Cesser d’être une petite souris.

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  11. Je t’envoie plein d’énergie, pour les moments où tu en manqueras, et tu te diras : non, je tiens le coup, un petit coup d’énergie, et ça repart !

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  12. Je me reconnais tellement dans ton billet, j’ai vraiment le sentiment que tu parles un peu de moi! (Dis donc, déjà que tu parlais carrément de moi dans ton roman , je vais finir par croire qu’on est un peu jumelles) J’ai perdu du poids récemment «grâce» à une allergie qui m’a obligée à changer mon alimentation mais je retombe vite dans les vieux démons : je ne fume pas, je ne bois presque pas mais quand ça ne va pas, je mange… Bisous et bon courage!

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    • Sans doute que cette allergie t’a contrainte à arrêter certains produits tout faits et nocifs de notre alimentation quotidienne. J’imagine que tu dois davantage utiliser de produits non transformés. Et merci pour tes bonnes ondes 😉

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  13. Qu’est ce que ça peut faire que tu aies sauté du train deux fois, ça te préparait tout simplement à faire mieux la prochaine fois ! Cette société qui exige la performance parfaite du premier coup, il faut lui tordre le cou. L’essentiel c’est que tu restes dans le plaisir et le respect de ce que tu es, il me semble que tu es bien partie 🙂

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  14. Je te souhaite beaucoup de courage dans ton régime, je sais ce que c’est, j’en fait régulièrement depuis plus de vingt ans, en me disant allez, c’est la dernière fois que j’impose ça à mon corps. Ce n’est pas que ça ne marche pas, comme on t’a dit, ça marche très bien au contraire quand tu ne fais plus d’excès, le problème c’est qu’on replonge régulièrement, car il faut le reconnaître, se maîtriser sur le long terme, c’est chiiiant 😀

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