Sulak – Philippe Jaenada

    Attention double coup de coeur ! Coup de coeur pour la plume de Jaenada, encore une fois ! Et coup de coeur pour Bruno Sulak dontsulak Jaenada entreprend de nous raconter l’incroyable parcours.

    Ce livre est donc la biographie de Bruno Sulak, un des grands braqueurs des années 80. A son actif, un nombre incroyable de supermarchés (à une époque bénie pour les voleurs où on payait encore en liquide) et de bijouteries de luxe. A son actif également, un record d’évasions de prison. Alors portrait d’un voyou ? Certes mais de ces voyous que l’on aime. Sulak est un voleur certes mais il a un grand coeur, il n’use jamais de la violence et on sent bien non seulement qu’il aurait pu être autre chose qu’un braqueur et qu’il y a chez lui une aversion profonde du système pourri dans lequel il évolue (et dans lequel nous évoluons encore).

    Jaenada nous offre un magnifique livre, vraiment. Il parvient à créer une véritable empathie à l’égard de l’homme dont il raconte la vie mais également à l’égard de tous les personnages gravitant autour de lui. Ainsi, on a l’impression de retrouver des gens qui nous sont proches. J’ai eu un vrai coup de coeur pour Thalie, la compagne de cavale de Sulak, son âme-soeur. De même, on est plongé dans l’époque grâce aux décrochages que propose l’auteur en se demandant où il était à la même époque, ce qu’il faisait. Et cela m’a littéralement plongée dans mon passé. Sulak décède en mars 1985, laissant une petite fille qui grandira sans père. Je ne peux m’empêcher de penser que ce jour-là, il ne me reste un papa que pour deux mois encore… mais que moi j’ai eu la chance de l’avoir autrement qu’à un parloir de prison.

    Un personnage fascinant donc que ce Sulak, qu’on aime dès les premières pages. Et Jaenada le dit, l’opinion publique aussi aimait cette figure de braqueur non violent. J’ai adoré toute la complicité qui se crée avec le flic qui le poursuit. Il y a dans ce livre, une galerie de personnages très forts. Et puis, il y a la manière de raconter propre à Jaenada qui excelle dans les décrochements parenthétiques, parfois pour rajouter des informations, parfois pour digresser complètement sur sa propre vie (tout en s’excusant, c’est savoureux).

    J’ai vécu suspendue aux mots de ce livre que j’ai refermé avec une envie furieuse de connaître les personnes qui ont survécu à cet homme. Une biographie que je conseille en ce qu’elle revisite un genre parfois un peu terne grâce à un style et grâce à un « personnage » hauts en couleur.

Rentrée 2013

40 réflexions au sujet de “Sulak – Philippe Jaenada”

  1. Ce fut aussi un coup de coeur pour une autre lectrice dont je suis le blog. Vous m’avez donc convaincue. Je l’inscris dans ma liste. De plus, je n’ai jamais lu cet auteur.

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  2. J’ai beaucoup aimé « Le chameau sauvage » et « plage de Manaccora 16H30 » mais, pour le moment, ce titre-là ne me dit rien : j’en ai lu les premières pages mais je n’accroche pas, ou alors ce n’est peut-être pas le bon moment, je ne sais pas.

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    • Il faut toujours se donner une marge de quelques pages pour entrer dans un sujet (et là, c’est quand même une biographie malgré tout). Mais parfois, ce n’est pas le moment, c’est vrai. Alors attends quelques jours… mais pas plus hein 🙂

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  3. Allez, c’est décidé, je le commande au Père-Noël. J’aime Jaenada depuis le début, c’est MON auteur contemporain préféré, et j’ai fait de la résistance à celui-là car il s’agissait d’une biographie, genre que je n’affectionne pas spécialement, mais si tu me le conseilles, j’y vais!

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  4. Ah oui, excellent. Tout à fait Jaenada, avec ses digressions qui paraissent n’avoir rien à faire là, alors qu’en fait, elles sont utiles. Tu te souviens du coup du lapin tueur?

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  5. Oh là tu me donnes vraiment envie de faire connaissance avec ce monsieur ! Peut-être enfin l’occasion de découvrir cet auteur !

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