Trois essais sinon rien – Prix Elle

    Une des raisons pour lesquelles je voulais faire partie du jury du Prix Elle, c’était de me mettre à lire des Essais. Trois en un gros mois, on peut dire que c’est plutôt réussi.

    Trois essais donc. Dans trois genres bien différents. Trois lectures intéressantes mais pas de coup de coeur non plus.

troisUne partie rouge de Maggie Nelson

    On démarre la lecture de ce document avec la même facilité qu’on aurait à lire un roman. On entre dans le vif du sujet grâce à une écriture simple et à la première personne. Maggie Nelson raconte la réouverture, trente-cinq ans après les faits, du procès du meurtre de sa tante Jane. Elle ne l’a jamais connue mais a écrit un recueil de poésie à son sujet.

    Ce document traite donc de la réouverture de ce procès et de tout ce que cela entraîne, à la fois juridiquement et au niveau familial.  Au-delà de cela, c’est un mode d’introspection et de réflexion de Maggie sur le poids du deuil et sur les fantômes qui continuent de nous accompagner au-delà des limbes.

    Le fil directeur sur le procès m’a passionnée mais j’aurais bien volontiers sauté les pages de digression de l’auteur. Ce document semble souffrir d’une réelle organisation et on pourrait soupçonner l’auteur d’avoir écrit ce texte pour elle-même et pour sa famille. Pourquoi pas après tout ? Ce que j’ai du mal à saisir, c’est où se trouve la place pour que le lecteur puisse y faire son propre miel.

    Une lecture qui démarrait bien mais dont les propos se sont perdus dans des chemins tortueux. C’est dommage.

De l’ardeur de Justine Augier

    C’ est un livre ambitieux et brillant à la fois. Justine Augier fait le pari de reconstituer le parcours d’une femme qu’elle n’a pas seulement croisée. Elle se documente, interroge, collecte sans fin. Elle doit savoir qui est cette femme, elle doit connaître son combat afin de pouvoir le comprendre et le raconter.

   C’est ainsi que Justine Augier nous emporte avec elle sur les traces d’une femme incroyablement courageuse et engagée. Une femme qui n’a pas hésité à sacrifier sa liberté (et sans doute sa vie) pour défendre ses idées, dans un pays violent et difficile à cerner.

    Cet essai, malgré l’ardeur de la plume et du propos, nous emmène en plein cœur d’une réalité qui nous dépasse et qui, pourtant, menace notre propre équilibre.

    Un documentaire sans aucun doute indispensable. Il permet de lever le voile sur de nombreux aspects de ce régime totalitaire qui sévit en Syrie.

    En racontant l’histoire de Razan Zaitouneh, Justine Augier permet que cette femme ne soit pas oubliée et que son combat ne se révèle pas vain. Néanmoins, le récit aurait parfois mérité d’être un peu allégé et mieux balisé au niveau de la chronologie.

La tête et le cou de Maureen Demidoff

    Incontestablement un titre qui m’aura appris beaucoup de choses sur la Russie, dans la mesure où je n’avais que de vagues connaissances scolaires.

    Un livre qui a le mérite de recueillir des témoignages de femmes à la fois si différentes et si semblables. En effet, il propose une autre définition de la femme forte que celle que l’on connaît en Occident. De même pour les aspirations de ces femmes et leur vision des choses aux antipodes des nôtres.

    Néanmoins, j’aurais dû picorer ce livre plutôt que de lire à la suite ces témoignages. En effet, mon gros bémol c’est le manque de ciment pour les relier. Ce manque de mise en perspective m’a un peu manqué et je reprocherai juste à l’auteur de n’avoir finalement proposé qu’un « copié-collé » de voix féminines.

 

12 réflexions au sujet de “Trois essais sinon rien – Prix Elle”

  1. Pour Le tête et le cou, je l’ai lu en parallèle d’une autre lecture et c’est beaucoup mieux passé.
    Je vais lire De l’ardeur dans les prochains jours, le sujet m’intéresse, j’espère que je vais adhérer à la plume

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    • Je pense que je l’aurais davantage apprécié en le lisant de manière plus étalée, en effet.
      Bonne découverte de l’essai d’Augier

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  2. C’est vrai que c’est un genre vers lequel je ne vais pas, pourtant il y en a certainement de très bien ! Mais le manque de lien, de « ciment » comme tu dis me gêne, et puis j’ai plus souvent envie de m’évader, de plonger il faut l’avouer ! C’est chouette que ce ce Prix de ELLE te permette d’en lire 🙂

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