© Julien Ribot
J’avais seize ans, la première fois que je l’ai vu. Enfin, « vu »… La première fois où je pris conscience que c’était un homme et que je devenais un petit embryon de femme. Jonas était le frère de ma meilleure amie, Léna. On se connaissait depuis toujours. Mais à l’âge où nous jouions à la poupée, il collait des raclées à ses potes de collège. Il ne s’intéressait à nous que de loin en loin. Et quand il le faisait, c’était pour nous tirer les nattes. Alors on préférait qu’il nous ignore.
Jonas avait été poursuivi par les études. Et elles ne l’avaient jamais rattrapé… A une époque bénie où on ne dévalorisait pas le travail manuel, où on ne cherchait pas à embarquer tout le monde vers des études longues, Jonas avait eu la chance de trouver sa voie. Ce qu’il aimait Jonas, c’était le bois.
D’ailleurs, quand il l’avait clamé ainsi à ses parents : « J’aime le bois », son père l’avait d’abord raillé « Sans doute à cause de l’arbre contre lequel tu te poses à longueur de journée avec tes potes ». Et puis, Jonas avait persisté et trouvé une formation. Il avait alors disparu de mon champ de vision. On habitait un petit village de l’arrière-pays et le lycée était en ville. Et puis, Léna me disait que le bois l’avait façonné. Et non l’inverse comme aurait pu supposer son métier.
Avec un petit coup de pouce de sa famille, le diplôme en poche, Jonas, à 22 ans,venait de s’ouvrir un petit atelier. Léna m’y avait donné rendez-vous. Mais elle était en retard, comme à son habitude.
– Zazie, mais dis-moi, tu as passé l’âge des poupées ? Je ne t’aurais pas reconnue, s’étonna Jonas.
– Euh, toi aussi, tu, tu as… changé. Quel bel atelier… balbutiai-je comme l’adolescente que j’étais.
– J’imagine que tu attends Léna.
– Oui mais elle est toujours en retard, grommelai-je.
– J’ai une pièce à terminer mais si tu veux regarder, je me ferai un plaisir de te montrer ce que je fais, proposa-t-il avec un sourire que j’étais destinée à ne jamais oublier.
Alors je m’étais assise sur un haut tabouret en bois et je l’avais regardé faire. Je n’avais d’yeux que pour ses mains qu’il faisait aller agilement d’un morceau de bois à l’autre : il rabotait, ponçait et touchait avec tant de sensibilité cette matière que j’aurais pensé si rude. Et soudain, je m’étais prise à penser que ces mains épaisses et solides, que ces mains qui semblaient si fortes et si douces à la fois… Ces mains qui couraient sur du bois… je rêvai qu’elles parcourent mes formes. Je rêvai qu’il préfère ma peau à l’écorce, qu’il abandonne ce bois mort pour mon corps frêle et plein de sève.
Mais Léna arriva.
Comme quand on dort. On se réveille toujours au meilleur moment de son rêve. Et là Leina arriva… pfff. Donc on lira la suite bientôt ? Il me plait bien à moi Jonas… très bonne idée pour ton texte et toujours très bien mené. 🙂
Oui 🙂 Je ne sais pas si je reprendrai ce début dans la nouvelle. Mais ces personnages en tout cas prendront forme 🙂
Pas la bienvenue Léna… 😉 Ce moment où l’on réalise que l’autre puisse être « plus qu’un ami ».
Et où le corps s’éveille 🙂
J’ai hâte de lire l’histoire de ces personnages! Ce texte est plein de douceur. Ça va très bien avec mes tartines!
Il te faudra attendre septembre 🙂
Ah mais je sens que ça ne va pas s’arrêter là, je te fais confiance pour que leur relation s’épanouisse ! 😉 Encore un beau texte plein de sensualité, bravo !
Je pense que ce sera le début d’une nouvelle qui devrait paraître dans un recueil en septembre 😉
Ce métier évoque bien le côté tactile du travail du bois. On visualise parfaitement la main qui caresse et éveille ces sentiments chez Zazie 😉
Merci Estelle 😉
Des mains de menuisier sur un corps de femme… On attend la suite !
Dans un recueil de nouvelles en septembre 😉
Le bois inspire beaucoup de sensualité . On attend la suite de ce joli texte!
Normalement, il va servir de début à une nouvelle que j’espère voir publiée en septembre
Pauvre Zazie Léna est venue trop tôt… c’est beau l’intelligence des mains ça vaut des bac+++++
Les mains et les esprits se complètent en effet 😉
Encore une Lena lol!
Dis moi tu as l’art de décrire les scènes sensuelles. J’ai presque envie que Jonas me touche aussi!
C’est ce que me dit mon éditrice 🙂
ah les belles mains qui font rêver 🙂
ça semble bien parti pour ces deux-là!
Oh oui 🙂
Je suis complètement sous le charme de tes dernières phrases! Quelle sensualité!
Merci 🙂
Ah les mains… La sensualité du bois… il me manque l’odeur de la sciure de bois… Cette photo réveille mes sens !
Il faut que j’aille dans l’atelier d’un ébéniste pour capter toutes les sensations. Je vais la peaufiner cette nouvelle
On a tous un moment où l’on s’est trouvé comme un idiot à pointer son nez quand ce n’était pas le moment. Je ne sais pas si l’on est dans le souvenir ou dans la fiction mais peu importe, très beau texte.
Dans la fiction 🙂 Je travaille à un début d’histoire 😉
Bon courage ! 😉
Oh je me régale et ce sera publié en septembre 🙂
Bravo ! Tu l’annonceras sans doute sur ta page. 😉
Oui j’ai déjà annoncé une première sortie. Tu as vu ?
Non je vais fouiller.
😉
Il y a matière à développer cette histoire, c’est certain. Travaille bien !
C’est à la fois travail et plaisir 🙂
Quel plaisir de découvrir ton texte le jour où ton recueil est présenté sur les réseaux sociaux ! Hâte de lire la suite de l’histoire. Léna aurait dû avoir plus de minutes de retard… 😉
Tout vient à point qui sait attendre 😉
Encore un plaisir de lire ton texte :). J’aime beaucoup la sensualité qui s’en dégage …
Mais flute … Léna ! 😀
Ouais hein… les copines, parfois…
Quel texte magnifique, mais pourquoi Lena est-elle arrivée si vite?
Histoire de laisser le temps au temps 🙂