Cinéma de quartier – Une photo, quelques mots

    Avec le mot « cinéma » en plein milieu de la façade, difficile de parler d’autre chose. Sourires.

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    Au début, franchement, il avait trouvé ça moisi. Il s’était pas tapé un bac pro « systèmes numériques » en trois ans pour échouer là. Il pensait pas non plus finir au festival de Cannes… mais au milieu, il y a aurait pu y avoir autre chose.

    Bogdan ne voulait pas poursuivre d’études. « Pas grave, avait dit sa prof principale en 3e, ce sont tes études qui vont te poursuivre. » Elle le trouvait intelligent, elle voulait qu’il réussisse. Il en doutait, mais pour son grand sourire maternel, il aurait décroché la lune. Enfin presque… parce qu’il avait fallu qu’elle le force à grimper.

    Et à se lever le matin, pour commencer.

    Au lycée pro, il avait immédiatement accroché. Tout lui semblait plus simple, plus motivant. Bogdan s’est vite retrouvé premier de sa classe. Il repassait souvent au collège, se nourrir du sourire, plus éclatant à chaque « victoire » qu’il annonçait.

    Depuis l’opération « Collège au cinéma » grâce à laquelle il avait fait connaissance avec le grand écran, il avait eu envie de devenir projectionniste. Ce qu’il avait un peu moins anticipé, c’est la précarité des métiers de l’audiovisuel et du spectacle. S’il avait un beau diplôme en poches, ces dernières restaient désespérément vides… pas un contrat à l’horizon après des mois de recherches. Depuis le numérique justement, on recrutait moins de projectionnistes. Désormais une même personne pouvait assurer à distance la programmation dans plusieurs salles. Alors, il avait pris un job dans un fast-food, en attendant. Et pour aider un peu sa mère à payer les factures.

    Jusqu’au jour où celle au grand sourire lui avait téléphoné. Elle avait quitté la ville depuis un an déjà, mais ils n’avaient pas perdu contact. Il y avait un emploi de projectionniste à pourvoir dans son patelin, comme elle appelait l’endroit où elle habitait. Bogdan avait à peine écouté ce qu’elle lui disait sur le changement de vie de la ville vers la campagne. Il avait mis trois affaires dans un sac de sport, embrassé sa mère et couru vers sa nouvelle vie.

    Quand il était arrivé face à la façade du Modern Cinéma, il avait cru à une blague. Sa première impulsion avait été de rebrousser chemin. Et pourtant, désormais, il participe à redonner vie à ce village.

11 réflexions au sujet de “Cinéma de quartier – Une photo, quelques mots”

  1. Envie d »une suite ! C’est peut être pour cela que tu restes sur ta faim. Ils ont d’autres choses à raconter, tes personnages.

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  2. On va parfois simplement où la vie nous mène et c’est souvent là qu’on fait les plus belles découvertes. Qui sait, peut-être trouvera-t-il aussi l’amour dans ce petit patelin.

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  3. Tu m’as rappelé le Bogdan du collège avec qui tu étais complice… J’espère que comme ton personnage il a trouvé sa voie et qu’il s’épanouie. La contrainte du texte court c’est effectivement de s’arrêter très vite et quand notre personnage nous plait on aimerait bien faire un bout de chemin plus long avec lui… mais c’est le jeu ma chère Lucette….

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