absences

  Un début de thriller des plus conventionnels, si je puis dire. La police retrouve le cadavre d’Amanda, auquel il manque quatre doigts. Les soupçons vont rapidement se porter sur sa voisine et amie, Jennifer, ancienne orthopédiste désormais à la retraite. Là où les choses commencent à se corser c’est que la principale suspecte est atteinte de la maladie d’Alzheimer et que l’interroger relève d’un exercice de haute voltige pour les enquêteurs. Entre interrogatoires aléatoires en fonction de l’état de la patiente, questions posées à ses proches et examen de ses cahiers intimes, l’enquête se révèle hasardeuse.

    La narration se fait entièrement à la première personne puisque c’est Jennifer, elle-même qui raconte son histoire. Le lecteur va donc devoir accepter de se retrouver également ballotté dans les méandres de la mémoire de Jennifer. En effet, au fil de sa mémoire et de ses envies, on découvre peu à peu ce qui fait le quotidien mais aussi le passé de la narratrice. A-t-elle vraiment tué son amie ? Ses enfants, quand elle les reconnaît, sont-ils aussi bienveillants à l’égard de sa maladie qu’elle le souhaiterait ? Le lecteur va devoir s’armer de patience et de courage pour le découvrir. Nul doute que ce roman est très bien pensé, original et engage une réflexion sur la maladie d’Alzheimer en feignant offrir un thriller. Thriller certes, mais est-ce là le plus important dans cette oeuvre ? J’en doute.

    Mes sentiments sont très partagés quant à ce roman car je dois avouer avoir eu du mal à me laisser emporter à cause des choix narratifs : sauts chronologiques, variations fréquentes de typographie, alternance des supports ( narration mais aussi lettres, extraits de carnets, etc). Autant ce choix m’apparaît comme pertinent dans une volonté de faire comprendre l’horreur psychologique dans laquelle on doit se retrouver quand on sent notre mémoire nous échapper petit à petit mais inexorablement, autant j’ai eu beaucoup de mal en tant que lectrice à suivre un fil et à me laisser emporter par l’histoire. Paradoxalement, la mise en page aérée (mais également le souffle donné par l’organisation en trois parties) fait que le roman se lit assez vite.

    Un roman poignant malgré tout puisqu’on suit le personnage principal dans l’évolution de sa maladie, dans ce parcours inévitable vers le déclin de nos corps, encore plus douloureux quand il est entâché par une telle maladie. Un roman qui nous renvoie donc également à la peur de vieillir et au fléchissement de nos capacités tant physiques qu’intellectuelles.

     Je vous conseille l’article du blog Quel-bookan qui a aimé le roman justement pour ces raisons.

     Merci à Livraddict et aux éditions Robert Laffont pour ce partenariat.

Polar liliba