celles_qui_attendent    Je continue ma poursuite à travers la rentrée littéraire avec encore un titre qui me renvoie à mes amours étudiantes : la littérature africaine. J’avais lu le premier titre de l’auteur qui m’avait intéressée par son sujet mais pas transcendée par sa plume, il était temps que je conforte, ou non, mon avis.

    Ce roman est celui des femmes, celles qui attendent pendant que les hommes aimés ont tenté leur chance en essayant de passer en Europe. Plus qu’un roman sur le danger de l’immigration clandestine, c’est le roman des oubliées restées en marge, qui attendent impuissantes et ignorantes au village.

    Dans ce roman, plusieurs femmes. Les mères des candidats à une meilleure vie mais également leurs épouses. Des destins différents et pourtant tellement semblables. Le roman parle sans détour de la vie dans les quartiers en Afrique, de la misère, de la faim mais aussi de la polygamie et de ce que cela peut engendrer entre les femmes.
   Dans ce roman, les mères ont tout orchestré, persuadées que l’avenir est de l’autre côté de l’Atlantique. Les épouses, elles, sont embarquées dans une attente qui semble irréaliste.
    C’est un roman essentiellement féminin mais dont l’homme n’est pas non plus absent. Le lecteur attend également des nouvelles de Lamine et d’Issa, partis conquérir l’Espagne. L’auteur envoie de nouveau un message quant au miroir aux alouettes que représente le départ vers les pays occidentaux. Et quand Lamine revient, il sait pertinemment que le récit de la galère vécue ne dissuadera aucun des aspirants au départ.
    Les personnages féminins sont vraiment réussis. J’ai pour ma part une nette préférence pour la dignité d’Arame ainsi que pour le tourment rencontré par Daba. Ces deux personnages mettent vraiment l’accent sur la difficulté d’être femme, d’aimer et d’être aimé dans certains coins du monde. Le personnage de Coumba est également touchant dans sa manière d’attendre son mari de manière aimante. Bougna est peut-être moins attachante, néanmoins elle représente à merveille le statut de la co-épouse qui souffre et s’aigrit de sa condition.

    Un très beau roman si je dois conclure, dont le message gagne à être connu (si ce n’est déjà le cas), mais je dois reconnaître qu’il me manque un peu chez Fatou Diomé de cette verve et de ce verbe africains que j’aime tant chez d’autres. Mais cela représente peut-être aussi l’avantage d’être lisible d’un plus grand public.

D’autres avis chez Clara, Gangoueus