Le voici, tout beau, tout frais, le premier vrai billet de mon blog. Je vous épargnerai l’exorde traditionnel visant à dire que je m’excuse de la médiocrité de ce premier avis pour me lancer à corps perdu dans l’aventure.

51sCPnkOCRL         J’ai donc décidé de baptiser mon blog avec un livre qui me fait de l’oeil depuis le 27/01/2008. Tombée par hasard un soir sur la défunte émission de France 5, « Le bateau livre », j’assistai à la présentation de ce curieux livre. J’avais déjà entendu parler de l’auteur mais sans jamais rien lire de lui. je fus d’emblée conquise et par l’auteur et par la matière annoncée dans ce livre : une chronique satirique des six premiers mois du règne de notre nouveau président.

        Ayant une PAL énorme, je me soulageai en l’offrant à une copine, mais ne pris pas le temps de m’en faire le plaisir. Ce n’est qu’il y a peu de temps que je profitai de sa sortie en poche pour en faire l’acquisition.

       Ce livre est tout bonnement succulent et truculent. Découvrant avec dépit les résultats des dernières élections présidentielles, Patrick Rambaud décide d’écrire à la manière de St Simon les chroniques des six premiers mois du quinquennat. Dans sa préface, il présente cet ouvrage comme une satire, et c’est bien ce dont il est question. J’ai ri tout du long.

       Sur un ton qui feint d’être élogieux, l’auteur démonte pas à pas tous les rouages du pouvoir de celui qu’il nomme tour à tour « Notre Bien-Aimé Monarque », Notre Irréprochable Empereur »,  » Notre Véloce Souverain », « Notre Visuelle Majesté ». On y découvre sa Cour et son exceptionnelle galerie de portraits: la baronne d’Ati, M. Fillon duc de Sablé mais aussi le duc de Bordeaux, le cardinal de Guéant, le marquis de Benamou, Douste duc de Toulouse, Kouchner comte d’Orsay, etc. Tous plus vrais que nature. Sans oublier l’Impératrice Cécilia.
        Mais derrière cette façade de drôlerie se cache une analyse assez pertinente des méthodes de « Notre Omniscient Souverain » qu’il dit « virtuose dans l’art du pipeau ». On voit comment il divise pour mieux régner… et « toute ressemblance entre Mon Pétulant Souverain et Napoléon serait fortuite » dit l’auteur. On voit également comment la presse est utilisée pour construire son « Culte du moi ».
        On frémit de l’analyse de la politique de l’immigration, on rit à gorge déployée du récit de l’enflammement des banlieues et on savoure tous les moyens de manipulation dénoncés.

rambaud   Patrick Rambaud, l’auteur.

       Ce n’est évidemment pas un livre résumable. Pour vous inciter à le lire, je vais donc partager avec vous quelques passages du livre que j’ai trouvés percutants :
       *  » Désireux de regrouper une famille autour de lui mais sans travail et sans un sou, ce père serait aujourd’hui reconduit en autocar à la frontière hongroise. Le cours de l’Histoire en eût été changé » (au sujet du père du président).
       * Rambaud le compare à Attila et dit « Sa Majesté s’inspirera plus tard de cet exemple, en jetant contre une République décousue et molle des troupes disparates qu’elle voulut de tous bords« 
       * « Cela ne suffisait point à sa Majesté. Il lui fallait maintenant étriper la Gauche, la laisser pantelante comme au bord de sa tombe. Pour ce faire, il s’agissait d’amadouer les plus faibles, les plus gourmands et les plus déçus, dont le catalogue fut aisé à établir, ensuite de les amalgamer au gouvernement du duc de Sablé afin qu’ils y constituent une magnifique collection de potiches, en vitrine à côté des autres, choisis pour leur mine, bien brassés, bien peignés, bien propres sur eux et souriant de l’aubaine.« 
       * « Depuis qu’il présidait à nos destinées, Notre Universel Souverain s’était rendu à l’évidence : il y avait des bons tyrans et des mauvais tyrans. Les bons tyrans étaient assis sur du pétrole, du gaz ou de l’uranium. Les mauvais n’étaient assis que sur leurs fesses. »

            Je vous en conseille vraiment la lecture, l’écriture est soignée et on y rit à chaque page.
            L’auteur dit d’ailleurs dans sa préface qu’il ne s’interdit pas de poursuivre car « il n’y avait pas encore eu la visite croquignolesque de Kadhafi à Paris » et que « la comtesse Bruni n’existait pas encore ».

Lecture à venir :
brooklyn
Brooklyn follies de Paul Auster