trouillot    Le premier point fort de ce roman, mais n’est-ce pas ce que l’on attend quand on lit un roman publié chez Actes Sud, c’est la puissance de son style. Je ne répèterai jamais assez que les auteurs antillais ont un maniement de la langue à nul autre pareil et Lyonel Trouillot ne déroge pas à cette règle. Si j’ai été un peu déconcertée par l’entrée dans le roman, la petite musique des mots m’a incitée à prendre le temps de m’installer dans ce roman. Comme aux Antilles, lecteur, ne t’avise pas de tout vouloir savoir, de tout vouloir obtenir dans l’instant. L’histoire se met en place doucement, pas forcément dans l’ordre auquel tu t’attends mais c’est là tout le charme de la Caraïbe.

    Chaque partie offre une voix, celle de Thomas à Anaïse tout d’abord. Et ce Thomas, qui emploie principalement le « tu » puisqu’il raconte à la jeune femme à demi-assoupie à l’arrière de son véhicule tout une somme d’événements sur ce qui a entouré l’incendie et le décès de deux hommes du village. Anaïse est venue chercher la vérité sur la mort de son grand-père. Mais au fond, qu’est-ce que la vérité et la connait-on vraiment jamais ? Cette première partie donne vraiment à Thomas une posture de conteur, maniant une phrase ample le plus souvent, entrecoupée de phrases beaucoup plus courtes parfois, donnant une énergie certaine à ce texte magnifique. Et puis c’est le témoignage fort de la vie en Haïti, de cette manière si différente d’envisager la vie, la mort, le monde et le quotidien en général.

    Dans la deuxième partie, s’élève la voix d’Anaïse qui avoue ne pas avoir tout écouté du discours de cet homme qui la ramène là où, au fond, elle ne sera jamais chez elle. Ce passage est splendide, les mots coulent tout seul et disent toute la différence entre la société dans laquelle elle vit et celle dont elle est originaire.

    La dernière partie porte le nom du roman et je ne vous en dirai pas plus car elle porte la conclusion du roman. Mais je vous dirai que j’ai adoré y trouver des phrases en créole qui ajoutent au texte une mélodie supplémentaire.

    Voilà un livre qui ne se raconte pas mais un livre qui se lit, n’hésitez pas.

 

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