Je dis souvent que j’ai une dent contre ces auteurs qui se sentent obligés de nous balancer leur vie au premier roman. De toute

les bourgeoises

évidence, l’auteur de celui-ci l’a fait et recommence avec le deuxième roman. Losque j’ai voulu aller voir de quoi parlait son premier roman, j’ai lu la quatrième de couverture en ligne et eu l’étrange sensation que cela aurait pu être celle de celui que je suis en train de lire. Moi qui me suis demandée comment on pouvait intéresser les gens avec un roman où on raconte sa vie, Sylvie Ohayon ne se pose pas la question puisqu’elle en écrit deux.

    Alors Sylvie nous raconte comment elle a grandi aux 4000 à la Courneuve, d’une mère juive et d’un géniteur de passage kabyle. Elle raconte comment elle va faire ses études à la Sorbonne et avoir du mal toute sa vie à se hisser naturellement au niveau de ces fameuses bourgeoises. Le roman mêle donc récit de sa vie et une galerie de portrait de toutes ces bourgeoises croisées dans sa vie, et peu d’entre elles ne trouveront grâce à ses yeux.

    Je dois dire franchement que j’ai eu toutes les peines du monde à terminer ce roman. C’est dur d’être née dans un coin défavorisé, dans une famille bancale et de s’intégrer à un milieu qui n’est pas le nôtre. C’est en effet, une lutte quotidienne de donner le change et de se dire qu’on va se hisser pus haut que le caniveau dans lequel on nous a pondu. Mais ça a été raconté si souvent avec talent que… enfin, bref… à ce compte, j’aurais dû commettre aussi le roman de ma vie… puisque tout se lit.

    Je lisais avant-hier le billet de Cathulu sur son premier roman et me suis dit qu’après avoir lu deux résumés semblables, j’aurais pu écrire le même billet sur ce deuxième roman : un départ intéressant, un sens de l’auto-dérision plaisant mais surtout une non maîtrise de l’écriture. Ce roman part dans tous les sens, passe d’une bourgeoise à l’autre, les atomise sans distinction. Je me trompe peut-être mais je n’aime pas ce mépris sous-jacent qui vise à sous-entendre que parce qu’on a morflé dans la cité (et je sais de quoi je parle), le malheur des gens aisés n’est pas un vrai malheur. Je n’aime pas ce discours, assez récurrent dans le rap, qui vise à pousser les gens les uns contre les autres et à prôner la haine du riche parce qu’on est pauvre. J’aurais donc remercié l’auteur de prendre davantage de temps à organiser son roman et à lécher son style plutôt que d’opter ce ton qui donne l’impression qu’elle pense pouvoir expliquer à autrui ce que sont la vie et la vraie souffrance.

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