Il y a des livres qui vous marquent et auxquels vous ne cessez de penser après les avoir lus. Je pense pouvoir que No et moi de Delphine de Vigan va faire partie de ceux-là pour moi. Quand je pense que cela fait des mois que Neph me l’a offert et qu’il attend dans ma PAL…
De quoi ça parle :
Lou Bertignac a 13 ans. C’est une enfant précoce et elle est déjà au lycée. Et ce n’est pas facile de trouver sa place dans un monde d’adolescents plus vieux et dont les préoccupations ne sont pas forcément toujours les mêmes. Et chez elle, depuis que sa petite soeur est morte quatre ans auparavant, plus rien ne semble pouvoir sembler sa mère de la torpeur.
Lorsque Monsieur Marin, le professeur d’économie, leur impose un sujet d’exposé oral, Lou est bien ennuyée car elle se voit mal prendre la parole devant tous ses camarades.
Toutefois, elle a un sujet qui lui tient à coeur. Parler d’une jeune fille SDF avec laquelle elle veut tenter de communiquer.
C’est là que No entre en scène. Elle a 18 ans, ne sait pas chaque matin où elle dormira le soir, boit de la vodka à toute heure de la journée et traîne derrière elle une couche de crasse à toute épreuve.
Mais un lien fort, unique, va se créer entre ces deux filles que tout oppose. Et Lou va tout tenter pour faire en sorte que les choses changent, elle ne renoncera pas face une idée préconçue qui serait que les choses sont ainsi et que l’on ne peut rien y changer.
Et Lou ira jusqu’au bout de ce qu’elle peut faire, voire même plus loin.
Sans oublier la présence de Lucas, ce jeune homme rebelle de 17 ans qui est le seul de sa classe à sembler voir ce que Lou porte en elle, et qui la surnomme « Pépite »
Ce que j’en ai pensé :
Si je l’avais pu, j’aurais lu ce roman d’une traite, tant j’ai été happée par les destins qui s’y croisent.
Habituellement, je n’aime pas quand c’est l’enfant ou l’adolescent qui est le narrateur. Mais cette fois, c’est différent car Lou est une enfant précoce et de fait les mots qu’elle utilise sont forts et pertinents.
Dans ce livre, on est emporté par l’histoire des personnages mais également par le style percutant de l’auteur. Delphine de Vigan prête à Lou un regard incisif sur la vie et sur la capacité que peuvent avoir les gens à « laisser tomber », à ne pas se battre pour faire changer l’ordre des choses, à ne pas apporter sa modeste contribution pour un monde un tout petit peu meilleur.
Mais attention, n’allez pas croire que tout est facile et que tout réussit à Lou, elle va devoir affronter les limites de sa théorie et de son engagement. Mais comme le lui dire Monsieur Marin : « Ne renoncez pas. »
Je ne veux pas trop vous parler de No car je pense qu’il faut la découvrir par soi-même et entrer de plein fouet dans le monde de cette toute jeune femme tombée à la rue, que tous semblaient avoir ignorée jusqu’à l’arrivée d’un tout petit bout de jeune fille.
Je ne vous parlerai pas non plus de Lucas car je veux que vous puissiez le découvrir également et qu’il vous touche comme il m’a touchée. Quel jeune homme !
Quelques morceaux choisis :
* « Moi je n’arrive pas à grandir, à changer de forme, je suis toute petite, je reste toute petite, peut-être parce que je connais ce secret que tout le monde fait semblant d’ignorer, peut-être parce que je sais à quel point nous sommes de petites choses. »
* » Ceux qui croient que la grammaire n’est qu’un ensemble de règles et de contraintes se trompent. Si on s’y attache la grammaire révèle le sens caché de l’histoire, dissimule le désordre et l’abandon, relie les éléments, rapproche les contraires, la grammaire est un formidable moyen d’organiser le monde comme on voudrait qu’il soit. »
Je vous invite à aller lire les billets de Gio, Rafafa et Jelydragon avec qui j’ai fait une lecture commune et encore d’autres avis sur BOB.
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