Mamad est au sol et son maître blanc ne cesse de le frapper. Il est en sang et à moitié inconscient.noires_blessures Survivra-t-il ? La fureur de Laurent va-t-elle s’apaiser avant d’atteindre le point de non retour ? Mais comment les deux hommes ont-ils pu atteindre ce haut point de violence ?

 

    Le roman se compose principalement de deux parties, ponctuées de quelques intermèdes. La première partie raconte la vie de Mamad, l’africain. L’enfant a n’a pas vraiment connu son père, décédé alors qu’il était un nourrisson. Et sa mère a peiné à l’élever lui et sa fratrie, en quête perpétuelle du nécessaire pour subsister. Et si Mamad parvient à aller à l’école jusqu’en troisième, c’est au prix de sacrifices permanents de la famille pour s’acquitter des frais de scolarité mais aussi au prix d’humiliations permanentes et d’une faim qui tiraille le ventre du matin au soir. D’autant que si Mamad a une bonne mémoire, il n’en est pas pour autant un élève brillant. Lorsqu’il échoue à l’obtention de la bourse pour entrer au lycée, il va devenir le boy de Laurent, cet homme blanc passionné de protection des animaux.

    La seconde partie nous emmène sur les traces de Laurent, cet homme qui nous apparaît dans les intermèdes comme un homme assoiffé de violence.

    Sa vie n’est pas des plus gaies, loin s’en faut. Son père a été tué lors d’une manifestation de défense des droits des Noirs. Ironie du sort, c’est un CRS antillais qui l’a frappé de sa matraque. Laurent ne digèrera jamais cet événement et en fera même d’incessants cauchemars. Et la première fois qu’il voit Mamad, une chose étrange se produit…

 

     Ce roman est poignant, retournant. Il montre l’homme dans toute sa noirceur, dans toutes ses peurs et toute son intolérance. La deuxième partie aide le lecteur à tempérer un jugement qu’il aurait peut-être eu trop tranché au départ. Et les intermèdes qui réunissent les deux personnages aident à renforcer cette impression de malaise. Les deux hommes ont eu des vies difficiles et luttent, chacun à leur manière, pour survivre au quotidien. Si rien ne justifie la violence en elle-même, aucun d’entre eux n’est ni vraiment blanc, ni vraiment noir. Chacun porte en lui le poids de sa propre bêtise et se retrouve contraint d’assumer ses choix.

 

    Lu dans le cadre des 07_chronique_de_la_rentree_litteraire