Père des mensonges de Brian Evenson

     Décidément, je crois que l’on peut dire que cela fait plusieurs romans-chocs que j’enchaîne. Voilà encore une de ces lectures dont je pense qu’on ne sort pas indemne. Un de ces romans qui, bien que révélant la noirceur de l’être humain sans aucune concession, ne se laisse pas refermer et incite à tout lire d’une traite, d’un souffle. Un livre à mettre à l’honneur un jour de LECTURE DU DIMANCHE avec ma copine Pimprenelle.

De quoi ça parle :

    Eldon Fochs est le doyen de l’Eglise de sa paroisse. C’est le genre d’hommes que l’on dit bien sous tout rapport et qui jouit de la confiance de ses proches. Mais sa femme est de plus en plus inquiète car Eldon rêve et parle dans son sommeil. Et ce qu’il dit est terrifiant : il y est question du meurtre d’une jeune fille mais aussi de rapports sexuels forcés avec de jeunes garçons.
    Elle va donc le forcer à commencer une thérapie. Alexandre Feshtig va aller de surprise en surprise avec cet étonnant patient. Ce que Fochs raconte comme étant des rêves a de douloureux accents de vérité. De fil en aiguille, Feshtig va prendre conscience que le doyen a réellement perpétré les horreurs qu’il raconte.
    Mais l’Eglise est déterminée à étouffer l’affaire…

Ce que j’en ai pensé :

   Le moins que l’on puisse dire est que ce roman ne fait dans la complaisance. Le lecteur est plongé d’emblée en pleine tourmente.
    Par où attaquer la liste de ce qui fait la qualité de ce roman ? Tout d’abord j’ai été séduite par la forme, puisque l’auteur fait alterner lettres, extraits du carnet du thérapeute et récit de Fochs lui-même. Et se retrouver immergé dans la conscience et les actions de cet homme est vraiment prenant et terrifiant à la fois. Ensuite, je trouve la matière de ce livre très audacieuse. L’auteur n’hésite pas à briser un tabou encore fort marqué sur les déviances sexuelles et sur le fait que l’Eglise qui en voit certains de ses membres atteints cherche par tous les moyens à étouffer ce scandale. D’ailleurs, ce qui m’a le plus donné à réfléchir c’est sur la décision de muter Fochs et non pas de tenter de l’empêcher de nuire.
    Je ne vous cache pas que ce livre n’y va pas avec le dos de la cuillère, ceci dit rien n’est gratuit. J’ai trouvé saisissante la manière de l’auteur de nous faire accéder d’une part à la folie grandissante de son protagoniste mais également de ne nous épargner aucune de ses déviances. Parfois, on est même aussi perdu que lui dans les méandres de ses hallucinations. Car si je ne veux gâcher le plaisir de découverte de personne, je dois me contenter de dire que la fin du roman est largement aussi percutante que son ensemble.

    Merci beaucoup à Solène des Editions Cherche-Midi pour cette excellente suggestion de lecture !
    Je file lire l’avis de Pimprenelle et vous invite également à aller découvrir les avis de Leiloona, Amanda, Keisha, Cathulu et Cuné.