Ce qui a failli mourir dans l’oeuf… Episode 2

mourir    Ce blog qui venait de naître a bien failli repartir aussi sec dans les limbes… à peine né, qu’il va mourir dans l’oeuf.

    Comme je le disais hier, 2009 a commencé de la manière la plus terrible possible. Mon frère hospitalisé en Espagne où il vivait, pour une pneumonie… Et son meilleur pote de l’époque qui ne me cache pas que c’est peut-être pour lui dire au revoir que je dois prendre l’avion au plus vite. Prendre conscience qu’il peut mourir.

    Tout s’enchaîne à une vitesse folle : confier mon fils de 4 ans à des amis parce que le papa est en formation à l’autre bout de la France, annoncer au boulot que je ne ferai pas la rentrée (peu importent les répercussions) et foncer sans réfléchir. Dans un pays où je ne connais personne et dont je ne parle pas la langue.

    Pourquoi vous raconter cela ? Déjà, parce que ça fait du bien. Aujourd’hui, mon frère va bien mais la pneumonie n’a pas été le seul pépin et il a fallu faire face. Mais aussi, parce que réellement dans le marasme de cette année 2009, lire m’a permis de ne pas devenir dingue.

    La semaine passée là-bas a sans doute été la pire de toute ma vie. Arriver et trouver mon grand gaillard de frère sous respirateur… être accueillie par son patron de l’époque qui m’a servi d’interprète… entendre les médecins dire que la situation est critique, te demander tes consignes pour un éventuel placement en coma artificiel, pour un éventuel ordre de non-réanimation. Te dire que c’est des conneries, de la fiction. Il est sous respirateur ok, mais il sourit, il te parle. Et cette fameuse nuit où le téléphone sonne, où tu ne comprends rien à ce qu’on te raconte., où tu réveilles son patron qui t’héberge, pour qu’il te traduise l’impensable : il faut le placer en coma artificiel. Passer le voir tous les jours de la semaine, inerte, blafard. Entendre le bip effrayant des machines. S’entendre dire par un toubib qu’il peut mourir, que ça dépasse ses compétences, que c’est entre les mains de Dieu. Se demander s’il les a assez grandes.

Me voilà repartie en France, impuissante…

    Je suis bien obligée après une grosse semaine de repartir. Même si ma mère m’a relayée, j’ai l’impression de le trahir, de l’abandonner.

    Or, quand je rentre en France, des notifications de blog m’attendent. Je trouve ça tellement vain, tellement décalé. Comment aurais-je le droit de m’atteler à ce loisir alors que mon frère est entre la vie et la mort ? Ce truc, il faut que je le tue dans l’oeuf. Et pourtant, après une nuit agitée de sommeil, je vais décider de m’y lancer à corps perdu. En effet, c’est ce qui va me permettre de me créer une bulle : je me mets à lire, à lire, et à écrire. Sur les romans des autres, car à ce moment-là, je suis loin d’imaginer qu’un jour, à mon tour…

    Ce n’est pas la littérature qui a sauvé mon frère. Ce n’est pas un grand lecteur. On ne sait pas trop quel miracle nous l’a ramené d’entre les limbes. Mais au réveil, c’est la photo de mon fils, que j’avais laissée pour le protéger, qui lui a donné envie de se battre et de vivre. Voilà qui un jour pourrait aussi faire l’objet d’un récit.

    On peut trouver étrange et déplacé de mettre ces événements sur le même plan… c’est ma manière à moi d’évacuer ce qui reste douloureux, ce qui me fait encore frémir. Et faire comprendre aussi tout ce que je dois à ce blog, et pourquoi je n’arrive pas à le fermer alors même que je n’arrive plus non plus à le tenir.

10 réflexions au sujet de “Ce qui a failli mourir dans l’oeuf… Episode 2”

  1. Ah je comprends, évidemment. Rien ne t’oblige à fermer quoi que ce soit, même si tu ne le tiens plus.
    Tu as raison de raconter tout ça. C’est très impressionnant et émouvant. Merci pour ce partage. 😘

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    • Merci pour tes mots. Disons qu’entre le nom de domaine, le stockage et les bugs, il me prend quand même du temps et de l’argent. C’est aussi une des raisons qui me fait hésiter 😉 mais ce sera dans un prochain épisode.

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  2. Pour avoir suivi de plus ou moins loin cette période avec toi, relire ce douloureux épisode est très émouvant. Tu n’es pas obligée de fermer. Moi non plus je ne m’y résous pas car j’aime parfois relire certains billets.
    Vous en avez fait du chemin depuis, ce blog, ton frère et toi.
    Gro bisous

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