barbe bleue

    Comme chaque année, tous (ou presque) attendent le nouveau Nothomb… Et comme d’habitude, il est là : court et écrit gros. Cette année pour la somme modique (mode ironie « on ») de 16.50 euros. Les fans peuvent bien se le permettre, non ?

   J’avais souffert il y a deux ans avec Une forme de vie, résisté l’an passé à Tuer le père. Et cette année, j’ai replongé…

    Alors commençons par parler de l’idée de départ du roman qui je dois le confesser m’a plu. Originale ? Je n’irai pas jusque là, mais bien trouvée en tout cas.

    Saturnine cherche une colocation car vivre sur le canapé du tout petit appartement de sa copine, c’est bien gentil mais ce n’est pas une solution durable. C’est alors qu’elle tombe sur une offre des plus alléchantes : une grande chambre dans un super quartier et pour un loyer des plus modestes. Mais elle n’est pas la seule à postuler forcément. Etrangement, elle est la seule vraie candidate, les autres ayant juste envie de voir l’homme dont les huit précédentes colocataires ont disparu. Et en effet, c’est elle que choisit don Elemirio Nibal y Milcar pour devenir la neuvième colocataire. L’homme est étrange, parle comme dans un livre, ne sort jamais et tel Barbe-Bleue lui donne accès à tout sauf à une seule pièce dans laquelle elle ne devra jamais se rendre. Saturnine va-t-elle reproduire le schéma des huit autres femmes ? Va-t-elle disparaître à son tour ? Et ces dernières, qu’est-il advenu d’elles ? Dès le début du roman, le suspense est à son comble…

    Les personnages sont torturés comme toujours et Elemirio est un bon profil de serial killer… ah si quelqu’un avait pu faire un bon thriller de ce postulat de départ.

    Ai-je aimé ce roman ? Ai-je enfin aimé un roman d’Amélie Nothomb ? Eh bien non… Je dois avouer à genoux, presque repentante, que pour aimer un roman j’ai besoin d’avoir l’impression de lire un texte stylistiquement travaillé. Ou alors, je lis de la chick-litt… mais je ne pense pas que ce soit le créneau de la dame au chapeau. Mais recentrons : cette année encore, on nous offre un petit roman écrit gros ne s’embarrassant pas de récit puisque la quasi-totalité de cette prose est un enchaînement de dialogues entre Saturnine et Elemirio. Dialogues d’une platitude affligeante, ne prenant pas la peine de s’embarrasser de vocabulaire ni de verbes introducteurs… Je me demande d’ailleurs si je ne tiens pas là du pain béni pour mes exercices d’écriture de l’année scolaire à venir : « Reprenez ces dialogues et rendez-leur le niveau de langue adapté à l’écrit, tout en n’oubliant pas d’y ajouter quelques verbes introducteurs de la parole. »

    Néanmoins, on sent tout au long de ce roman que Mme Nothomb est une femme intelligente et cultivée. Alors pourquoi, mon Dieu, pourquoi persister à écrire dans un registre de langue digne d’un collégien ? Avançons plusieurs hypothèses

  • Elle sait ses lecteurs tellement misérabilistes qu’elle a peur d’utiliser des mots qu’ils ne comprendraient pas.
  • Elle a un nègre et personne ne relit ce que le dit nègre écrit, puisqu’on s’en fout, il suffit de mettre « Amélie Nothomb » sur une couverture pour que le roman se vende
  • Elle nous refourgue, elle aussi, ses écrits de jeunesse que personne n’avait voulu éditer avant…
  • Le style, c’est dépassé… Ne pas en avoir, c’est là qu’est le vrai talent.
  • Elle n’a pas le temps, il faut écrire celui de septembre prochain…

   

    Alors, ce roman c’est du Nothomb, on y reconnaît la patte (forcément toujours la même) : les mêmes petites obsessions, le besoin irrépressible de se mettre en scène au moins quelque part au détour d’une page. Alors il est possible que je ne perçoive pas l’ironie et la dérision contenue dans ses histoires, à lire sans doute au quinzième degré… Mais vraiment, je ne supporte pas la platitude de la syntaxe et du lexique. Et le pire, je dois l’avouer c’est que j’ai aimé l’idée de la chute et la manière dont l’auteur laisse ses personnages et le lecteur.

    Comme chaque année, je remercie Mme Nothomb cependant de ne m’avoir fait perdre qu’une toute petite heure de ma vie avec son roman de septembre. D’autres auteurs s’épanchent sur plus de 400 pages et nous font perdre beaucoup plus d’instants précieux. Pourquoi je m’acharne à la lire, me direz-vous ? Mon psy est sur le coup…

    A l’année prochaine… ou pas…

Livre lu dans le cadre des 

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