Demain_j_aurai_20_ans_   

L’auteur fait désormais partie
des attendus de la rentrée et n’ayant pas réussi à lire Mémoires de
porc-épic
, je voulais de nouveau me frotter à la prose d’un de ceux avec
lesquels la littérature africaine compte désormais. 

 Dans les années 1970, au Congo, Michel, le
narrateur a dix ans. A cet âge-là, on découvre vraiment le monde qui nous
entoure : les adultes, les filles mais aussi la politique. Ce roman est le
récit du point de vue de cet enfant du monde compliqué dans lequel nous évoluons
au quotidien. Un regard qui se veut donc faussement naïf car derrière les
étonnements du jeune garçon, le lecteur averti n’a aucune peine à déchiffrer
l’implicite et les attaques directes faites au monde des adultes, que ce soit
finalement dans la sphère du privé comme dans celle du politique. Et la
critique du politique est un des grands leitmotiv des auteurs africains dans
leur littérature. Pas un roman lu ces derniers temps pour oublier de mettre le
doigt dessus.

 Le point de vue de l’enfant, la naïveté
feinte ? Pourquoi pas ? Personnellement, c’est une manière de narrer que
je trouve assez déplaisante. Mais c’est une formule qui fait souvent recette
parmi les lecteurs et je ne doute pas que d’autres avis seront plus
enthousiastes que le mien. De mon côté, le style faussement enfantin, ponctué
d’expressions délibérément saupoudrées d’incorrections syntaxiques m’épuise sur
la longueur. Alors si j’ai été séduite par le fond, l’histoire et toute
l’ouverture culturelle de ce texte, la narration elle-même a considérablement
retardé ma lecture. Le personnage de Michel ne m’a absolument pas convaincue.
Je ne suis pas du tout entrée dans le pacte de lecture proposé par l’auteur
puisque finalement, malgré le style utilisé, l’enfant a tout de même beaucoup
de relent d’adulte.

 En conclusion, je dirais que j’ai aimé
l’histoire de Michel et de ce qu’il traverse : la question de la
polygamie, l’infertilité de sa mère dont il se retrouve accusé par un marabout,
la vision des hommes politiques, les relations entre garçons et filles et toute
cette littérature, cette poésie qui jalonne le texte avec délice. J’aurais
juste aimé un bon vieux narrateur externe, adulte, voire grinçant.

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