confident

 A la mort de sa mère, Camille reçoit de
nombreuses lettres de condoléances. Parmi elles, une plus épaisse, une d’un
genre différent, une sorte de confession. Un homme, Louis, entreprend le récit
de sa vie et de celle d’Annie. Une histoire d’amour à première vue, mais pas
seulement.

 Camille ressent très vite un malaise, se
demandant pourquoi ce courrier lui est adressé. Cela la regarde-t-il ou est-ce
l’éditrice qui est visée par ce qui ressemble au début d’un roman ? Elle
se rassure très vite, confrontant les noms, les lieux, les dates. Rien ne
colle, mais tout s’effleure…

 Voilà un roman polyphonique dans lequel
plusieurs voix s’entremêlent. Celle de la narratrice, de celui qui lui envoie
les lettres, puis le long récit d’Annie. Et pour terminer une dernière voix qui
se superposera et donnera encore un autre éclairage au texte.

 Ce premier roman est une réussite à bien
des égards. Tout se dévoile très progressivement sans pour autant que le rythme
ne soit pas soutenu. Au fil de la plume de Louis dans un premier temps, on
découvre avec Camille d’autres vies, une autre époque. Des secrets surtout…
tous plus touchants les uns que les autres. C’est un roman qui parvient à mêler
habilement le fond historique et le récit de plusieurs vies gâchées, brisées.

 Le thème de la maternité est traité de
manière touchante et audacieuse, si c’est possible de l’exprimer ainsi. En
effet, Louise va porter un enfant pour une autre femme et va avoir le courage
de ne pas revenir sur sa promesse. Une autre femme qu’elle va donc élever cet
enfant mais s’abaisser à de nombreux mensonges afin de tenter de préserver
l’équilibre de sa famille. Des hommes aussi vont souffrir de tous ces choix.
Des familles vont se retrouver déchirées par cet accord qui ne semblait au départ
engager que deux femmes.

 Même si le roman ancre son intrigue au
milieu du XXe siècle, le débat autour de celles que l’on appelle les
« mères-porteuses » est loin d’être terminé. Et dans ce roman, il est
impossible de se faire un avis tranché sur la question. Et ce, pour la simple
et bonne réponse que derrière chaque histoire, il y a des gens. Des gens
différents, aux passés différents, aux sentiments différents et qui aspirent à
des choses différentes. Ce roman fait s’effondrer nos certitudes les unes après
les autres, de manière brute et inattendue souvent. Le lecteur découvre pas à
pas, au même rythme que Camille, tout ce qui fait le suspense de ce récit et
donc sa force. Bien que ce ne soit pas un thriller, les révélations successives
n’en sont pas moins à couper le souffle. Jusqu’à la dernière page, jusqu’au
tout dernier mot, le lecteur encaisse révélation sur révélation.

 Un très beau livre, une bien jolie plume, des personnages que l’on
n’oubliera pas de sitôt. On aimerait n’avoir à lire que des premiers romans de
cette trempe.

    Je remercie les Editions Plon pour cette découverte. Si vous souhaitez le voir concourir pour le grand prix du web, vous pouvez aller voter en cliquant sur le logo qui suit 07_chronique_de_la_rentree_litteraire.