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  Voilà un très bon roman que celui d’Alban Lefranc, mais un roman exigeant si je puis me permettre. Le roman d’un de ces écrivains qui n’a pas oublié que la langue française est puissante et que l’auteur se doit de l’honorer et de la mettre en avant.

    Alban Lefranc décide de raconter Cassius Clay, avant qu’il ne devienne Mohammed Ali. S’il connaît la vie de ce dernier, il choisit délibérément de s’affranchir de la linéarité et de l’exactitude de sa biographie. Il comble les lacunes, mêle habilement fiction et « bouts de vrai ». C’est ainsi qu’il choisit un fait divers pour expliquer la venue de Cassius à la boxe. Ce fait divers, c’est l’histoire du jeune Emmet Till, homme noir qui a osé regarder une femme blanche dans une épicerie en 1955 et qui a été assassiné pour ça. Choc dans la vie de Cassius, notamment par l’impact de la réaction de son propre père, ce jour-là. Rage de vaincre, rage de s’affirmer, rage de devenir.

    Au niveau de l’écriture, c’est beau et c’est puissant. Dans le Monde, on peut lire que l’écriture est plus expressive que narrative. Je n’aurais pas mieux dit. Certains passages touchent d’ailleurs presque au cri. Roman exigeant, je me répète car roman qui nécessite de se laisser porter, de faire confiance à l’auteur et de faire également confiance à nos capacités de lecteur à laisser les morceaux éparpillés se souder, à la fin, et faire sens. La narration est protéiforme et cela contribue à en faire un roman original, un vrai morceau de littérature.