J’ai pu lire ce roman de Maud Lethielleux grâce à Saxaoul qui en a fait un Livre_voyageur et m’a permisTout_pres_le_bout_du_monde d’avoir tout lu de l’auteur.

 

    Je pense que c’est sans conteste mon préféré des quatre romans écrits par l’auteur. Ce roman polyphonique nous offre la voix de trois jeunes que la vie a salement abîmés. Trois jeunes qui vont se retrouver réunis au bout du monde. Le bout du monde, c’est ainsi qu’est surnommée la maison où ils vont être accueillis par cette édcatrice un peu spéciale, elle aussi, plus toute jeune et dont on devine très bien qu’elle non plus n’a pas été épargnée par la vie.

    Marlène va alors demander à ses trois protégés – Malo, Solam et Jul’- d’écrire leurs journées dans un cahier. Et ce sont ces trois cahiers qui vont nourrir le lecteur. A tour de rôle, les trois voix vont révéler leurs secrets, leurs souffrances, leur haine aussi parfois.

    Chacun des personnages est très différent. Solam tout d’abord ma beaucoup destabilisée par sa violence verbale, même si l’on comprend très vite que celle-ci est le reflet d’une très grande souffrance et que son souci premier est de se protéger, de s’empêcher d’aimer, de s’empêcher de créer des liens car aimer c’est prendre le risque d’être blessé. Et il n’est pas tendre dans les propos qu’il tient à l’égard de Marlène mais également des deux autres à qui il donne des surnoms détestables.

    Malo est un pauvre petit môme, retiré à la garde d’une maman qui semble avoir une vie manquant de stabilité. Son récit est déchirant et sa manie de foncer perpétuellement aux toilettes l’empêche entre autres de pouvoir créer des liens avec les autres.

    Le personnage de Jul’ est bouleversant aussi. Cette fille a connu la violence, celle d’un garçon qu’elle aime et avec qui elle a vécu le squat, l’errance. Elle a renoncé à sa famille, à l’école, à une vie d’adolescente pour suivre ce garçon et n’en récolter que douleur et mépris. Au fond d’elle, elle espère le retrouver.

    Ces trois voix se mêlent, construisent et tissent des liens. La plume de Maud Lethielleux se prête parfaitement à l’exercice, elle a déjà montré qu’elle savait prêter sa voix à des personnages très différents et en adopter le ton. C’est encore une fois un exercice totalement réussi. On s’attache à chacun des personnages dont on a l’impression réelle de suivre le cheminement et Solal, d’ailleurs, avance tellement dans ce roman qu’il en devient à mes yeux un personnage coup de coeur, une graîne de mec bien.

 

     De nombreux avis sur la toile : Saxaoul, Pimprenelle, Cathulu, Mirontaine, Sylire, Mallou, Géraldine, Keisha, Clara, Anne-Sophie, Hérisson, Leiloona