Défense du poil – Stéphane Rose

défense     Paru en 2010, ce manifeste contre la « dictature de l’épilation intime » est passionnant. Dans Défense du poil, une fois de plus, Stéphane Rose réfléchit avec intelligence et bienveillance à un sujet de société qui continue de faire rage.

    Avant de me lancer dans cet article, je m’aperçois que depuis que mon blog a été explicitement relié à mon nom, je m’empêche de m’exprimer librement. Et ça m’embête en fait. Pourquoi ? Principalement pour deux raisons.

    En effet, je crains un peu d’être lue par mes élèves ou leurs parents… et parler de sexe quand on est prof… ça ne se fait pas. De plus, je suis lue par certains de mes collègues. Et ils semblent amusés de lire que j’écris sur le sujet, teste des jouets érotiques, etc. Mais il y a surtout ceux qui chuchotent dans mon dos, à peine discrets… Y a pas à dire, en 2017, on peut faire des blagues de cul, mais parler sexualité, c’est toujours tabou et honteux. Après on s’étonne que les femmes s’amourachent de Christian Grey et de ses nuances. Alors cet article sur Défense du poil risque de devenir, pour moi, un message plus général…

    Dans cet essai, malheureusement épuisé, Stéphane Rose raconte et explique comment le poil est devenu l’ennemi N°1 de notre société.

    Il y traite, sans jamais juger personne, de cette question épineuse et piquante de la pilosité. Et plus particulièrement de celle du pubis féminin. La partie « historique » est particulièrement intéressante et permet de voir par quel « miracle » le poil a reculé pour totalement disparaître. Loin de faire l’apologie du « laissez pousser vos poils », il fait celle du « ne vous laissez pas imposer d’être glabre ». Et la question est loin d’être anodine.

    Ce qui m’intéresse le plus c’est la motivation qui entoure cet acte. Et il est passionnant de voir comment, encore une fois, cette pratique est liée au diktat masculin ainsi qu’à celui de l’image. En effet, moins il y a de poil et mieux on voit (argument de l’industrie porno) et moins il y a de poil, plus on renvoie une image jeune (limite pédophile ?). Ce qui est le plus intéressant, en fait, c’est le joug du regard des autres. Paru en 2010, le traité utilise tout un tas d’anecdotes et de slogans publicitaires effarants sur celles qui ont voulu braver le code et laisser leurs poils vivre leur vie de poils. N’allons pas croire que cela ait évolué. Les réseaux sociaux ont exacerbé ce phénomène et des femmes ayant osé afficher leurs poils ont reçu jusqu’à des menaces de mort… Mais où va le monde ?

    Comme dans chacun de ses écrits, et on l’en remercie, Stéphane Rose vante surtout la tolérance.

    Et son amour de la diversité des corps : ronds ou non, épilés ou non. Et il est évident que c’est pour cela qu’il faut lutter, au-delà du poil, c’est le respect du corps (et des choix des autres). Je trouve dommage que ce petit bouquin ne soit plus commercialisé tant il est intelligent dans son raisonnement.

    Alors, cela peut sembler hypocrite pour une nana qui s’épile de parler de défense du poil… néanmoins, je me moque de ce que les autres font des leurs. J’ai eu recours à la lumière pulsée pour les aisselles et le maillot (pas intégral) mais surtout pour ne pas avoir à aller subir la torture de la cire chaque mois. Et c’est mon esthéticienne qui m’a proposé une épilation plus invasive, il y a quelques années, alors que je ne me faisais retirer que ce qui, potentiellement, pouvait dépasser du maillot. Et surtout l’été. Pas de diktat du porno pour moi, je n’en regarde pas… ça ne m’émoustille pas. Mais après avoir chouiné de la douleur et juré qu’on ne m’y reprendrait plus, j’ai apprécié d’être ainsi épilée. Et j’ai recommencé pour moi.

Je me fiche pas mal, à 40 ans, des diktats. L’homme qui ne me prend pas comme je suis, a le choix d’aller chercher ailleurs. Néanmoins, il est flippant de voir comment les filles aujourd’hui peuvent encore se laisser dicter leur conduite et juger sur une question de poil (ou de kilos jugés disgracieux, ou de mode, etc). Et souvent, les plus féroces sont en plus les femmes entre elles.

    En bref, laissez-nous vivre, avec ou sans poil.

    Et vous, qu’avez-vous osé ce mois-ci ? Noukette a lu des nouvelles, Jérôme de la BD, L’irrégulière s’éduque, Estelle embarque sur le Titanic, Parthenia reste sage, Manika file au Japon

 

 

32 réflexions au sujet de “Défense du poil – Stéphane Rose”

  1. Je n’ai rien osé ce mois- ci! J’ai vraiment apprécié ton article. C’est vrai que nous sommes vite tentés de suivre la « mode » et nous sommes très souvent jugés pour ce que l’on suit ou pas. Un peu de tolérance ne fait pas de mal.

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  2. Moi, pas sans poils ! Lol Non mais sans rire, je fais le minimum pour entretenir mais pas pour tout enlever. Je pars du principe que si on en a, c’est pas pour rien. on peut en avoir trop mais je ne comprends pas l’intérêt de tout enlever partout.

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  3. L’intégrale, si à la mode désormais (demande un peu aux esthéticiennes combien elles en font, c’est impressionnant!) est devenue une norme, venue tout droit du porno des années 90 et 2000. (Regarde avant, Brigitte Lahaie et compagnie avaient toutes des poils, et ce n’était pas moins porno). Tu en expliques très bien les raisons qui sont technico-filmo-masturbatoires 🙂 : « c’est pour mieux voir ».
    Je suis, comme toi, pour la liberté de chacune qu’on lui foute le poil.. euh la paix. Mais la pression sociale et commerciale est immense. Pour plein de gamines, être épilée c’est l’intégrale et pas autre chose. Elles ne se posent meme pas la question de savoir d’ou ca vient. J’ai tenté une fois, par curiosité: verdict, je n’aime pas, je ne me retrouvais pas. Le double aspect « actrice porno » et « petite fille » me dérangeait fortement quand je me voyais. Je suis assez contente d’etre une femme et de les avoir, mes poils 🙂 .
    Mais tout cela nous mène à une question que je trouve passionnante, je ne sais pas si tu l’as abordée dans tes mardis : l’influence, non pas du porno mais des « tubes » à porno sur nos sexualités – et surtout sur l’image de la femme. Moi, ça me terrifie. Je ne suis pas anti-porno, mais le porno qui est diffusé sur les tubes, c’est assez effrayant pour le traitement fait aux actrices ou femmes amateures. Ovidie en dit des choses très intéressantes.
    Bref, au plaisir d’en reparler

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  4. Merci pour cet intéressant billet!
    Ce livre de Stéphane Rose aborde-t-il aussi la question du poil au masculin? Il y aurait aussi quelque chose à dire, y compris dans certains diktats et jugements, même si ce n’est sans doute pas dans les mêmes termes que le poil au féminin…
    Bonne journée! 🙂

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  5. Que l’intégral vienne du porno, oui, mais se faire un intégral n’est pas nécessairement question de mode.
    J’ai testé pas mal de choses, j’ai testé un peu tous les styles de maillot, et je suis revenue à l’intégral. Clairement c’est dix fois mieux pour les cunnis. La sensation est différente et meilleure, que ce soit pour le donneur ou le receveur. En tout cas, c’est mon avis et celui de mon homme. Au delà des modes débiles…
    Après les poils, on s’en fout. Chacun fait bien comme il veut.

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  6. Voila, chacun fait comme il veut epicetou. J’ai passé l’âge de me poser ce genre de question et concernant ma vie de couple, je prends madame comme elle est, poilue ou pas, parce que bon, l’essentiel est quand même ailleurs.

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  7. J’ai essayé une fois l’intégrale, suite à la perte d’un pari, et même si, comme le dit Marie Carabistouilles, c’est dix fois mieux pour les cunnis, je préfère garder mes poils ! ^^
    Ce qui est hallucinant, c’est que de nos jours, chaque femme devrait être libre de choisir sans être moquée ou menacée ou jugée ! Qu’est-ce que ça peut bien leur faire aux gens ?!? o_O
    A chacune son truc…

    De mon côté, j’ai tenté une lecture beaucoup moins subversive avec Les Noces de l’Innocence d’Eve Terrellon 😉 :
    https://parthenia27.blogspot.fr/2017/02/les-noces-de-linnocence-deve-terrellon.html

    Bonne journée à toi !
    Bisous

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  8. Mais comme tu as raison !! Ce serait tellement plus facile si chacun pouvait faire comme il l’entend ! Le pire, c’est qu’il s’agit d’un endroit qu’on ne partage quand même pas avec grand monde, et pourtant on se sent obligé de faire selon une règle non explicite qui nous impose un truc ! Mais faisons ce qui nous plait à nous, ce sera déjà pas mal !

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  9. Comme il est sympa ce billet 😉
    J’ai eu par le passé un grand amour qui « exigeait » gentiment l’intégrale, en compensation, il n’était avar de…rien ;-). Mais purée qu’est-ce que je souffrais … Aujourd’hui, c’est le minimum syndical qui me permet d’aller à la pistoche loool. Moi qui suis ronde j’avoue les diktats… Mais c’est pas toujours facile d’être « hors critère », les gens ne te regardent pas, je me suis souvent demandée ce qui se passerait si j’étais célib aujourd’hui…

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    • Dans ce cas, pourquoi les hommes ne le feraient-ils pas aussi ? Ils transpirent autant que nous, non ? Et chacun ne fait-il pas ce qu’il veut ?

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  10. Moi perso je fais avec ou sans selon les moments… Souvent un p’tit coup de rasoir sous les aisselles (j’ai trois poils ..Veinarde) et les mollets avant de mettre un jupe ou d aller à la piscine suffit. .pour le maillot quand c’est nécessaire mais cela ne me turlupine pas plus que ça…Sur moi comme sur les autres d’ailleurs.

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