La petite barbare – Astrid Manfredi

La petite barbare    Voilà quelques semaines déjà que je ne vous ai pas parlé d’un premier roman de la rentrée littéraire. Le temps passe à une vitesse folle et c’est toujours quand plein de bouquins m’arrivent d’un coup que je me tape une bonne panne de lecture. Je me dis d’ailleurs que ça a forcément un lien… mais bon…

Dans ce premier roman, un sujet que j’aime : la jeunesse en banlieue. Et une variation qui me plaît encore plus : qu’est-ce qu’être une fille en banlieue ? Quelle posture adopter, comment vivre sa féminité au milieu de tout cela.

La petite barbare, dont on ne saura jamais le nom – sans doute car elle peut être n’importe qui – a 23 ans et elle est en prison. Ses choix de vie l’ont entraîné sur des chemins de plus en plus caillouteux : elle monnaye son corps, s’acoquine avec des truands, dérape dans la violence. Et c’est la prison. Et la découverte un peu désabusée que la pourriture est partout, vraiment.

Ce roman est une baffe. Il réussit à créer un décalage fort et réussi tant dans son fond que dans sa langue. J’avais lu que c’était un texte oral et je craignais un peu d’être lassée. Il n’en est rien car on est dans l’oralité sans jamais tomber dans la vulgarité gratuite, au contraire. D’ailleurs, certaines phrases offrent un contrepoids littéraire réussi à cette oralité. Il faut le dire, le contraste du style est à l’image du contraste du personnage. La jeune femme est une écorchée et mérite bien son surnom. Elle a servi d’appât et derrière cette fiction, on lit des fragments d’histoires réelles tristement célèbres.

Et pourtant, on ne déteste pas le personnage, on n’a pas envie de lui cracher au visage. Mais on se prend dans la gueule, ce que c’est de faire de mauvais choix et de de voir les assumer ensuite. Attention, on ne la plaint pas non plus, loin de là. La merde dans laquelle elle se trouve, elle l’a tout de même bien cherchée. Même si l’homme semble être le facteur aggravant de toute son histoire… J’ai détesté les personnages masculins de cette histoire. Tous, sans exception. Il n’y a pas un seul gentil, pas un seul qu’on ait envie de vraiment traiter de victime. Et forcément, ça dérange…

Au delà de l’histoire, il y a les mots. Ceux de l’auteur mais aussi ceux qui accompagnent la petite barbare, ceux qui lui montrent un autre chemin, même derrière les barreaux d’une prison. Une rédemption par la littérature ? Non. Astrid Manfredi ne tombe à aucun moment dans le cliché : elle sait rester incisive et juste tant sur le fond que sur la forme. Bravo !

Je partage cette lecture avec ma jolie Laurie.

rentréelogo2015  logo-68 premières fois

 12/589 (2%)                                              7/68

33 réflexions au sujet de “La petite barbare – Astrid Manfredi”

  1. Une claque… brutale et inteligemment écrite… je ne sais pas pourquoi, je tourne autour de ce roman, mais je n’ose pas. J’en ai envie, mais quelque chose me retient.
    Tu me fais pencher vers l’envie…

    Répondre
  2. Je ne sais pas si j’ai envie de m’y plonger. En fait, je n’ai pas du tout aimé l’entrevue de l’auteur que j’ai vue. Du coup, je n’arrive pas à être tentée. Il faut dire que ce thème ne me plaît pas beaucoup d’avance. Trop loin de moi, peut-être.

    Répondre
  3. Tu as raison sur les personnages masculins, aucun ne relève le niveau et ils sont tous détestables…et ceux de l’administration pénitentiaire encore davantage pour moi.

    Répondre
  4. Il me tente bien ce livre. L’auteure sera présente à un salon du livre près de chez moi samedi, je pense que du coup je vais faire le déplacement pour aller l’acheter.

    Répondre

Laisser un commentaire