Le jour du slip – Anne Percin / Je porte la culotte – Thomas Gornet

le_jour_du_slip    Depuis quelques semaines maintenant, tout ce qui touche à la théorie du gen*e enflamme les passions. Certains, persuadés que la mauvaise parole serait diffusée à l’école, ont voulu monter au créneau et ne pas envoyer leurs chérubins à l’école… Certains auteurs pour la jeunesse ont été accusés de diffuser des horreurs. Des esprits incultes ? C’est ce que j’aurais imaginé au départ. Mais quand de telles idées fleurissent dans la tête d’hommes politiques incapables de comprendre la fraîcheur d’un album pour enfant, il y a de quoi se questionner sur la santé mentale du pays dans lequel on vit.

    Alors ce matin, plusieurs blogs se sont associés au mien pour vous présenter un petit roman je_porte_la_culottequi a fait les frais de cette vague d’intolérance. Vous me connaissez, j’espérais bien y trouver un peu de scandale. Vous allez être déçus, c’est une petite histoire – enfin deux – très drôle et innocente.

     Les deux auteurs imaginent, chacun de leur côté du livre, que leur petit personnage – Corinne ou Corentin – se réveille au petit matin dans la peau de l’autre. Stupeur, forcément car il y a d’énormes différences entre un garçon et une fille. Si, si, nous sommes différents, ça n’a échappé à personne… Les deux enfants vont donc devoir affronter la journée en ressentant des situations inhabituelles pour lui. La petite fille va avoir du mal à blaguer et comprendre pourquoi les garçons se mettent des coups de pieds dans les mollets pour jouer, par exemple. Le petit garçon, lui, va se sentir mal à l’aise en jupe et esquiver son meilleur ami qui, ne sachant pas réellement à qui il a affaire, tombe amoureux.

    Alors me direz-vous, où est le problème ? Je n’en ai toujours aucune idée. Les deux enfants, forcément, s’étonnent en allant aux WC de découvrir qu’ils ont un zizi ou une zézette. Que le premier qui ne s’est jamais demandé ce que ça pouvait être d’avoir le sexe adverse, me jette la première pierre. De plus, aucun jugement du type « ah j’aimerais mieux être l’autre » n’est avancé. De même, à aucun moment, on ne prête aux enfants d’autres sentiments que la surprise, l’amusement, l’interrogation. Il n’y a aucun message prosélyte dans ce roman, aucune phrase n’incite les enfants à vouloir être de n’importe quel sexe ou je ne sais quoi d’autre.

    Concrètement, les enfants mettent un moment à comprendre la différence qui fait d’eux un garçon ou une fille et se montrent très curieux en grandissant. Ce qui serait malsain, ce serait de réfréner leur curiosité et de ne pas leur expliquer naturellement ce qui les différencie. Et c’est ce que fait très intelligemment ce petit livre. A aucun moment, les enfants sont confus sur leur propre sexe, au contraire d’ailleurs. Par contre, ils apprennent quelque chose de fondamental : ce n’est pas facile d’être de l’autre sexe.

    Je suis persuadée intimement (et je ne suis pas la seule à penser cela) que la connaissance, la culture et l’ouverture d’esprit sont les seules voies contre la violence. Mieux on connaît l’autre dans sa différence, mieux on l’accepte et mieux on vit tous ensemble. Je ne rentrerai pas dans un autre débat car ce n’est absolument pas celui de ce petit roman adorable. J’ai envie de dire à ces gens « Tout ça, pour ça ». Ce sont eux qui ont rendu malsain quelque chose, je me répète, de drôle et frais.

    Ah si ! Avis aux services pour l’enfance. J’ai donné ce livre à livre à mon fils de 9 ans. Il l’a dévoré en deux fois, une partie à la fois. Il a éclaté de rire à plusieurs reprises et m’a dit avec un grand sourire « eh bien, ça  doit pas être facile tous les jours d’être une fille ». Et il est reparti jouer. Moralité : pas de quoi fouette un enfant un chat.

     Si j’ai oublié de vous le dire… c’est un super ouvrage ! Lisez-le !

     Les avis de mes comparses du jour (j’éditerai au fur et à mesure de la journée) : Charlotte, Moka, Le petit carré jaune, Accrobiblio, Leiloona, Jérôme, Noukette, L’Irrégulière, Mirontaine, Eien, Paikanne, Yueyin

50 réflexions au sujet de “Le jour du slip – Anne Percin / Je porte la culotte – Thomas Gornet”

  1. je l’ai lu hier soir (pour faire mon bilelt aujourd’hui) et pareil, je me demande bien ce que les gens ont pu y voir de malsain, le mot slip dans le titre peut être 🙂

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    • Ou l’expression « je porte la culotte ». Ce qui est certain, c’est que ceux qui s’en plaignent ne l’ont pas lu

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  2. Très bonne initiative, j’ai bien envie de la suivre mais je crains de ne pas pouvoir lire ce fameux brûlot avant quelques semaines (il a été emprunté dans les bibliothèques où je vais habituellement)…

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  3. Est-ce que tu es consciente, après les mardi coquins, de poursuivre avec cet ouvrage ton entreprise de dépravation de la blogosphère ? Moi qui étais innocente et pure avant…

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  4. Je crois que l’on est tous à se demander « où est le problème ? ». Ou alors nous ne sommes que des esprits pervertis incapables de voir le mal quand il devrait nous sauter aux yeux.

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    • Yiiha !!! Une autre lecture commune se met en place entre Sophie des Bavardages, Laurie Lit et Angela Morelli. Joins-toi à elles

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  5. A défaut de pouvoir lire le livre en ce jour qui va finir historique à la longue, je partage le lien. Je ne comprends pas comment notre pays se laisse aller à de tels débats. C’est triste et grave.

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    • Je pense que ça grondait depuis longtemps. Et on est dans une période où l’on pense que l’on a le droit de s’exprimer à tout sujet… surtout pour en dire n’importe quoi. Regarde avec quelle facilité les gens clament leur racisme…

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  6. « La connaissance, la culture et l’ouverture d’esprit sont les seules voies contre la violence. Mieux on connaît l’autre dans sa différence, mieux on l’accepte et mieux on vit tous ensemble. »
    Comme je te rejoins…

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  7. Super article! Je crois que je vais me faire un plaisir d’aller acheter ce livre, le lire, le chroniquer et puis le faire tourner.
    C’est comme pour le film Tomboy que le groupe Civ*tas voulait faire interdire de diffusion sur Arte, je l’ai vu et franchement tu te dis, mais c’est quoi le problème?
    Je file lire les autres avis.

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  8. Tu devrais avoir honte de laisser ton fils lire un tel livre… Non mais franchement !

    Plus sérieusement, j’ai lu ces deux textes et beaucoup rigolé avec il y a quelques mois. Je trouve le principe chouette et les âmes innocentes qui ont partagé ma lecture aussi.

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  9. Oui je suis vraiment choquée Stephie … que cette initiative n’ait pas eu lieu plus tôt 😉 Moi aussi quand j’étais petite fille, je rêvais de savoir ce que ça faisait d’être un petit garçon. Le tien a bien de la chance d’avoir une maman ouverte d’esprit 🙂

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