Max et les poissons – Sophie Adriansen

max-et les poissons    Max va avoir huit ans. Il est à la fois fier et impatient. Il  aimerait bien qu’à l’occasion, on lui offre un compagnon pour Auguste, son poisson rouge. Comme il est un excellent élève, à l’école, il a reçu Auguste comme récompense. Depuis, il a aussi reçu une étoile jaune, à mettre sur sa veste. Il la trouve belle, son étoile. Mais la réaction des gens et plus particulièrement celle des autres enfants de son école, commence à le faire douter. Les autres le traitent d’étoile de mer qui pue… il s’est pourtant attentivement senti et il sait que ce n’est pas vrai… Il paraît que c’est parce qu’il est juif mais il ne comprend pas trop le rapport… ni le problème que cela peut bien poser.

    Mais le matin de son anniversaire, des gens veulent les emmener. C’est la « rafle », entend-il dire. Il n’y comprend rien à cette histoire de rafle. Tout ce qu’il sait c’est qu’il a huit ans mais que personne ne prend le temps de le lui souhaiter. Et dans la panique, il a oublié d’emmener Auguste… Qui va bien pouvoir nourrir son poisson en son absence ?

    Max et les poissons est à mon sens un indispensable sur le sujet. Je m’extasie souvent de ce que la littérature dite de jeunesse peut aider à transmettre. Une fois encore, c’est une grande réussite. On plonge littéralement dans les pensées de ce petit Max qui nous raconte ce qui lui arrive du haut de ses 8 ans et qui, heureusement, n’y comprend rien. Le lecteur adulte, lui, est glacé, forcément… car il sait ce qui est en train de se passer pour ce petit garçon et sa famille. Et le lecteur sait qu’une bonne partie de l’Histoire est jouée et que cette histoire ne peut se terminer tout à fait bien. C’est écrit juste, c’est très fort et on aimerait serrer ce petit Max dans ses bras.

    Mon fils a dix ans. A l’école, ils n’ont pas encore étudié la Seconde Guerre Mondiale. Il a donc lu ce petit roman, dans un premier temps, comme un petit Max. Il a trouvé son histoire de poisson rigolote, a partagé avec Max la fierté d’avoir une étoile. Et puis n’a pas trop compris ce qui arrive à Max ensuite ni où sont passés ces parents. Alors hier soir, nous en avons discuté, je lui ai expliqué. Sa gorge s’est serrée, ses petits yeux se sont mouillés. « C’est vrai, maman ? Des choses aussi horribles ont existé ? » J’ai dû le serrer fort contre moi, incapable de lui mentir en lui faisant croire que ce genre d’horreur ne se reproduirait jamais.

Un indispensable donc. Un livre à donner à nos enfants pour les aider à bien grandir mais aussi pour les parents, afin de ne jamais oublier quel est le regard d’un enfant sur la bêtise des hommes.

Un livre très joliment et sobrement illustré à la fois par Tom Haugomat.

Une lecture que j’ai le plaisir de partager avec Jérôme et Noukette à l’occasion de leurs pépites du mardi.

pepites_jeunesse

 

24 réflexions au sujet de “Max et les poissons – Sophie Adriansen”

  1. Un livre superbe a mettre dans les mains de tous les enseignants de cm2, et dans celles de nos enfants! Juste et adapté, qui dit la vérité sans rien édulcorer, mais sans non plus tomber dans l’horrible. Ce sera à nous adulte de combler les vides et de répondre aux questions!

    Et ton billet est parfait!

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  2. Très beau billet qui rejoint les deux avis que je viens de lire de Noukette et Jérôme et bien sûr, je ne manquerai pas de l’acheter, celui-ci !

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  3. Un indispensable, tu as bien raison. Et un indispensable que j’ai très envie de défendre dans quelques semaines au moment de la sélection du prix des jeunes lecteurs, si tu vois ce que je veux dire 😉

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  4. Direct sur l’étagère des indispensables, nous sommes d’accord… Je n’ai pas parlé du ressenti du fiston mais il a aussi beaucoup aimé. Il avait été à une expo sur Anne Franck l’année dernière et a travaillé cette année sur le sublime album de Cohen-Janca Les arbres pleurent aussi… Il n’est jamais trop tôt pour aborder certains thèmes avec les enfants et ce roman est juste parfait pour ça…

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  5. C’est en cela que les livres prendront le relais des derniers survivants de cette barbarie. Bien sûr, ils n’auront pas le même impact que la parole de celui/celle qui a vécu l’horreur, mais ils seront là pour témoigner et diffuser ce qui fut et ce qui ne doit plus se reproduire. J’espère que ton fiston a réussi à dormir cette nuit-là. Mon mari et moi conscientisont nos filles du mieux que nous pouvons, sans les traumatiser, mais sans aussi nuancer une réalité douloureuse.

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    • En effet, nous avons le devoir de les emmener progressivement vers toutes les vérités douloureuses dont notre monde est fait. Afin qu’ils nous aident à le rendre meilleur

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  6. Je note le titre, il me fait envie ! Je ne sais pas pourquoi, en ce moment, je ne lis que des romans sur des thèmes super joyeux.
    Je vais voir s’il est dans mon CDI et le lui suggérer, du coup

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