Réparer les vivants – Maylis de Kerangal

    J’étais » restée sur le quai » lors de ma lecture de Tangente vers l’Est, c’est tout naturellement donc que j’ai lu son dernier titre dans le train de mes vacances  jeu de mots facile.

Réparer-ls-vivants    Autour de moi, tout le monde en parlait, simples lecteurs, blogueurs, journalistes, télévision, prix littéraires. Il fallait donc bien que je me décide à y mettre le nez. Et grâce à ma copine Couette, ce livre a pu faire escale chez moi.

      Ce roman, c’est l’histoire de Simon. Ou plutôt de son coeur. Ce jeune homme va avoir un terrible accident de voiture, en rentrant de  la plage. Et malgré les efforts des médecins… Mais ses organes peuvent sauver des vies. Alors commence un long parcours pour les médecins. La plume de l’auteur va se pencher sur chacun des protagonistes de cette histoire : Simon, ses parents, sa petite amie mais aussi chacun des soignants qui l’entoure… et puis ceux qui vont recevoir les organes de Simon.  Un très beau récit qui ouvre également les yeux sur le don d’organes et en montre son lent et passionnant parcours.

    Quel roman éprouvant et quelle ode à la vie qui continue, malgré tout. Un récit qui ne sombre jamais dans le pathos, qui nous embarque avec d’autres destins que le nôtre mais qui a ce je ne sais quoi qui interdit l’identification, l’empathie totale. Enfin si, pour ma part, je sais. L’auteur a une écriture très particulière, très froide, abrupte, donnant presque l’impression d’un jeu stylistique. C’est une qualité admirable, une signature singulière dans un horizon littéraire duquel peu d’écrivains osent se démarquer. Mais je dois confesser que j’ai eu beaucoup de mal à avancer, phrase après phrase. L’écriture semble être un outil de mise à distance, permettant ainsi de dire le pire.

Etrange sensation puisque j’ai lu ce roman d’une seule traite, au milieu de mon TGV et pourtant complètement ailleurs. Etrange sensation d’un livre qu’on n’oubliera jamais mais dont la lecture a été une épreuve.

PS : Ah si, l’émotion m’a tout de même étranglée à un moment. Je vous en parle ici car je ne vois pas où le rajouter dans mon billet. Et ceux qui ne l’ont pas lu peuvent ainsi sauter ces lignes. Le moment où le médecin lui passe doucement dans les oreilles la chanson choisie par la famille, m’a bouleversée. Notamment parce que ce médecin, je l’ai trouvé humain, vraiment humain. Et en l’écrivant, des larmes me reviennent. Sans doute parce que cette histoire me rappelle un pan de la mienne, mais, c’est une autre histoire.

    C’est une lecture que je partage avec trois blogueurs de haut vol et au grand coeur : Jérôme, Moka et Noukette. Beaucoup d’autres l’ont lu, je ne les listerai pas aujourd’hui car ma Noukette l’a très bien fait au bout de son billet.

 

54 réflexions au sujet de “Réparer les vivants – Maylis de Kerangal”

  1. Son écriture est particulière est je ne suis pas certaine de la suivre sur tous les sujets mais sur celui-là, elle m’a totalement embarquée.

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  2. Stephie : c’est ce même moment qui m’a bouleversée, j’ai fondu en larmes tant ça m’a pris aux tripes… Une lecture que je n’oublierai pas.

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  3. Une grande romancière … j’avais plus qu’aimé « Tangente vers l’Est », celui-ci fait partie de mes piliers de littérature contemporaine.

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    • Je veux bien le croire, je reconnais qu’elle a une sacrée classe en matière d’écriture. Même si j’ai du mal à la lire.

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  4. Ce moment dont tu parles à la fin de ton billet, c’est vrai qu’il est fort…
    Sentiments très ambivalents chez moi comme tu as pu le lire. La plume singulière de l’auteure m’a laissée à la marge et pourtant je ne peux que reconnaître son talent. Me manque l’émotion… Une chose est certaine, je la relirai…

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    • Je reconnais que c’est une plume très bizarre. Du coup, moi, je ne sais pas si je la relirai, vu que c’est ma deuxième expérience et que la première fut vraiment difficile aussi

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  5. C’est un livre que j’ai adoré et contrairement à toi l’écriture y a contribué. Son style m’emporte complètement et j’ai l’impression que grâce à cela elle peut m’intéresser à n’importe quel sujet. Et comme dans « Naissance d’un pont », c’est l’action collective qu’elle souligne et je trouve cela essentiel dans la société individualiste où nous vivons.

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    • Je veux bien croire que cette écriture puisse emporter, vraiment. Et je note ce fil que tu signales de l’action collective 😉

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  6. Un roman, bouleversant, de ceux qu’on n’oublie pas… L’écriture ne m’a pas dérangée, je trouve qu’elle colle bien au récit.

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    • Ceci dit, c’est vrai qu’elle permet sans doute de dire avec la distance nécessaire, des choses aussi sensibles que celle-ci

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  7. j’ai eu l’occasion d’aller à une rencontre avec l’auteur organisée par la librairie Atout Livre, Maylis de Kerangal est une excellente lectrice, et elle parle formidablement bien de son roman (et en plus elle est sympa et facilement abordable!). ce n’est ni le genre de thème ni le genre d’écriture auxquels j’accroche habituellement mais ce roman m’a bouleversée.

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  8. Le « jeu stylistique » et la sensation d’épreuve ont pris le pas sur le reste me concernant. Du coup, je ne pense pas que je relirai cette auteure dont le style ne me convient sans doute pas.

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  9. J’ai trouvé ce livre admirable, un de mes coups de coeur en matière d’écriture. J’aime bien ce que tu dis de son écriture d’ailleurs : elle met à distance et en même temps elle permet de dire et de faire passer tellement de choses subtiles. Magnifique livre!

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  10. Tu sais je vais le lire car il a gagné le non-challenge des pépites, mais très honnêtement son écriture me fait très peur et le thème me ferait plutôt fuir à toutes jambes. Je croyais que ton billet serait mitigé, mais au contraire, je le trouve très positif et assez enthousiaste, si tant est que ce soit de l’enthousiasme de dire qu’on n’oubliera jamais un livre dont la lecture a été éprouvante.
    Mais quand même tu donnes une belle envergure au roman.

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