Une photo, quelques mots (16)

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© Kot

Parce que tu penses vraiment qu’à le tripoter ainsi sans cesse, cela fera jaillir un texto de lui ? Inutile de le regarder cinquante fois dans l’heure, le flux incessant de vos échanges a cessé. Envie ? Réflexe ? Espoir fou ? Regarder encore l’écran inlassablement. Constater qu’il est toujours vide de cette petite enveloppe que tu attends… qu’il est toujours vide de lui.

Alors tu en profites pour ressasser, pour tenter de capter des souvenirs, des sensations. Tu tentes de te souvenir de son parfum, de sa main sur la tienne, de ses lèvres dans ton cou. Ces lèvres qui effleurent plus qu’elles n’embrassent… Te souvenir de cette façon qu’il a de te humer et qui n’appartient qu’à lui. Et sentir te fouetter cette évidence : tu l’aimes comme jamais tu n’as aimé. Sentir que tout s’arrache, que tout s’étire et que tu pourrais mourir sur place de l’avoir trop aimé. Confondre, en une bouffée, amour et haine. Avoir envie que ça le pique autant que ça te brûle. Vouloir l’étreindre autant que l’étouffer…

Et regarder encore cet écran maudit,simple objet incapable de comprendre que tu as besoin de ce message ; incapable de lui envoyer les ondes qui le feront sortir de ce que tu qualifies d’inertie. Certes, tu lui as interdit de te recontacter, pas tant que sa situation n’est pas réglée… Mais tu lui en veux tout de même de ne pas t’approcher, de ne pas se signaler. Tu lui hurlerais bien que c’est facile de renoncer, que c’est facile d’abandonner.

Encore un regard… non, toujours rien. Des semaines sans rien. Alors tu t’en veux… Pourquoi avoir proféré cette interdiction ? Et si tu le relançais ? Tu sais pertinemment qu’il répondrait. Sauf que tu n’es pas capable de ne l’avoir qu’à moitié. Tu n’as pas été conçue ainsi. Te voilà prisonnière d’une roue infernale de laquelle tu ne sais pas comment sortir…

Tiens, un message… est-ce lui ?

Non…

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