Une photo, quelques mots (48)

homme chapeau

© Romaric Cazaux

 

    Au fond, je suis d’accord, ce n’est pas une vie. D’ailleurs, il faudrait que je pense à rentrer un peu plus tôt dans la nuit, ce n’est pas raisonnable.

    Hier encore, je m’étais promis de ne sortir qu’une heure ou deux, histoire de boire un peu, mais pas trop tout de même. Quand je bois trop, je ne sais plus vraiment où j’en suis. Une sorte de rage m’étreint là où je ne cherche que l’apaisement. Dès que je commence à boire, je n’ai plus de limite, il faut que je m’abreuve jusqu’à plus soif.

    Et puis, voilà tellement longtemps que plus personne ne m’attend chez moi… Au début, je trouvais ça bien, la solitude. Je m’étais persuadé que c’était ce qui pouvait m’arriver de mieux, que j’étais libre, infiniment libre. Mais les années ont passé et je ne reconnais plus la société dans laquelle je vis. Alors, chaque nuit, je sors et je m’abreuve. Pour oublier ? Non, surtout parce que je n’ai pas vraiment le choix.

    Alors au gré des rencontres, mes compagnons de beuverie sont toujours un peu différents. Néanmoins, cela se termine toujours dans une rue sombre. On ne va pas se mentir, ça se finit un peu mieux pour moi que pour eux. Quand je les laisse, ils sont vidés.

    Allez, je me presse, il fait déjà bien jour. Sale temps pour un vampire.

une-photo-quelques-mots1

33 réflexions au sujet de “Une photo, quelques mots (48)”

  1. Beaucoup de talent cette semaine! Le coups du vampire c’est la cerise sur un gâteau déjà réussi! C’était pas évident de placer quelque chose en plus mais là bien réalisé!

    Répondre
  2. Ahah, je ne m’attendais pas du tout à cette chute !
    J’aime beaucoup la façon dont tu as écrit cette histoire 🙂

    Répondre

Laisser un commentaire