Au-delà de la pénétration – Martin Page

pénétration   Au-delà de la pénétration est un petit essai parfait pour le premier mardi du mois. Parlons sexe sans toutefois le réduire, quel beau programme !

    Un petit moment qu’il m’attendait sur la PAL, et pourtant acheté dès sa parution. Avant même qu’il ne vive une deuxième vie dans les mains d’un plus gros éditeur. Il en a fait couler de l’encre, ce petit traité qui remet en cause le diktat de la pénétration. Non pas en la refusant, loin de là, mais en ne la plaçant plus comme la finalité de l’acte. Ni comme le point crucial, l’objectif d’un rapport sexuel.

    Avec la bienveillance que lui connaissent ses lecteurs, Martin Page parle avec beaucoup d’intelligence de la question de la pénétration. On pourrait se dire « Ouais, encore un mec hétéro cisgenre qui s’empare du sujet, sa bite à la main ». Eh bien pas du tout. Certes, c’est son point de vue d’homme mais il parvient à ouvrir réellement son angle de vue. A déplacer cette pratique qui est présentée depuis la nuit des temps comme le point culminant d’une relation sexuelle, presque comme sa définition. De plus, la dernière partie de son livre est une compilation de témoignages, d’hommes comme de femmes, offrant ainsi une intéressante pluralité de points de vue. Et sans atteindre évidemment l’exhaustivité, bon nombre d’angles sont envisagés et permettent d’interroger nos visions souvent bornées en la matière.

Pénétration, préliminaires… une vraie question de vocabulaire.

    On peut aimer la pénétration, la souhaiter ardemment, évidemment. Mais on peut également ne pas courir après, ne pas en avoir envie. De manière épisodique ou définitive. Qu’on soit un homme ou une femme. Et sans que ce soit réellement un problème, sans que cela ne dise rien de notre ouverture aux relations physiques.

    Aujourd’hui, nous sommes majoritairement conditionnés au fait que sans pénétration, il n’y ait pas d’acte sexuel. J’ai souvent entendu des gens dire « ah non, on n’a pas couché ensemble, mais je l’ai sucé(e), léché(e), doigté(e), etc » Comme si tout le reste ne comptait pas. On parle encore beaucoup de « préliminaires », mot qui signifie tout de même « qui précède, prépare une autre chose considérée comme essentielle ». La pénétration donc… On ne parle d’ailleurs pas de « postliminaires », ce qui suppose en plus que la pénétration (et l’éjaculation) est le point d’orgue et la finalité de l’acte sexuel.

    Ce petit bouquin est une merveille dans ce qu’il est ouvert, ne considère rien comme anormal. Il permet juste d’ouvrir tout le champ des possibles. Il montre la pression qu’il y a non seulement à se faire pénétrer, mais également à être un mâle pénétrant (et non pénétré…). Et cerise sur le gâteau, Martin Page est drôle et généreux en expressions farfelues ! J’adore !

Il y a quelques mois, pendant une soirée filles…

    Avec trois autres femmes, plus jeunes que moi. L’une d’entre elles racontait un second rencard censé être catastrophique. Le mec n’avait pas réussi, pour la deuxième fois, à bander et donc à la pénétrer. Il ne l’avait pas pour autant laissée en plan. Selon moi, ils avaient fait l’amour différemment. Pour elle, hors de question de revoir un mec à ce point incapable, et qu’elle avait surnommé « Kikimou ».

   Je ne la blâme pas, j’ai longtemps vécu la pénétration comme une fin en soi, une manière de récompenser le mec, notamment quand il avait assuré pendant les préliminaires… J’ai longtemps pensé que j’étais vaginale (vous savez ce truc qui n’existe pas)… Il m’est arrivé d’ailleurs de trouver bizarre un mec qui n’était pas porté sur la pénétration, et pouvait très bien s’en passer… On voit donc que nous sommes tous embringués dans cette conception phallo-centrée du rapport sexuel.

En conclusion

   Au contraire de ce que certains ont pu brâmer il y a quelques mois, ce livre ne diabolise pas la pénétration. Comme son titre l’indique, il invite à voir au-delà. Ensemble, en dépit de l’organe génital qu’on possède, et en dépit de ce qu’on aime en faire. Il est question de remettre la pénétration comme une pratique au milieu de toutes les autres. Et d’en user si on le veut (ou peut), quand on le veut (ou peut), en accord avec ses partenaires.

    En conclusion, le premier mardi (et tous les autres jours de l’année d’ailleurs), c’est permis. De fait, L’Irrégulière enlève sa culotte, Noukette se préoccupe de plaisir féminin et Jérôme ose tous les jeux interdits.

 

 

10 réflexions au sujet de “Au-delà de la pénétration – Martin Page”

  1. Voilà qui me plait ! Ton billet et tes mots sur ceux de Martin Page que je devine ultra intéressants, comme toujours. Il me le faut ! (Le bouquin pas Martin ^^)

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