Présentation de l’éditeurmiano

    Deux frères que tout oppose profondément cherchent à obtenir leur rédemption en échappant à leur destin familial.

    Né dans l’Hexagone, Antoine Kingué, dit Snow, n’arrive pas à surmonter la rancoeur qu’il nourrit envers sa mère, coupable de ne l’avoir pas assez aimé. Elle l’a laissé en pension alors qu’il n’avait que sept ans et envoyé passer les grandes vacances seul au Mboasu, ce pays subsaharien où il ne s’est jamais senti à sa place. Par ailleurs, il est persuadé que son frère Maxime a reçu plus d’affection que lui.
    Pour se venger de cette enfance malheureuse, Snow fait payer ceux qui l’ont fait souffrir, rêve de devenir une vedette adulée, une star dont la vie serait enfin brillante et facile.
    Quand son frère lui annonce son retour au pays avec leur mère, Snow voit son univers s’effondrer. Sans plus personne sur qui passer sa rage, il se retrouve face à lui-même…

 

Mon avis

    Encore un roman de Leonora Miano en cette rentrée littéraire et encore un moment de plaisir. Découverte avec un petit recueil de nouvelles, Afropean Soul et autres nouvelles, j’avais aimé sa façon de voir le rapport qu’entretient l’homme noir avec la France, avec le moule occidental. Dans ce roman, il en est encore question, mais pas seulement.

    En effet, à la problématique de l’intégration se rajoute celle de la quête des origines et donc de l’identité. Chacun des personnages est en quête de soi, sauf peut-être Modi qui a fait le deuil de son passé, de la relation perdue avec le père et qui, en quelque sorte, porte le poids du sort qui s’abat sur elle et sa famille. Il y a tout d’abord Thamar, sa fille, eue avec un homme aimé mais perdu trop tôt. Cette fille qui ne va connaître des hommes que leur violence et qui aura deux enfants contre son gré, deux enfants du viol. C’est ainsi que ses deux aînés, Maxime et Antoine vont, eux aussi démarrer une existence incomplète, teintée de souffrance pour l’un et de rancune pour l’autre. Et ce n’est qu’au prix d’énormes sacrifices qu’un seul des personnages va pouvoir retrouver la sérénité et pouvoir enfin poser les bases d’une existence apaisée.

    Le roman aborde également le problème de la clandestinité et de l’emprise exercée par certains. Il faut voir comment Antoine vit aux crochets de ceux à qui il prête ses papiers, l’un d’eux étant son propre frère.

    Au final, chaque personnage est un peu clandestin au sein de sa propre existence, chacun d’entre eux porte en secret, comme une honte, une partie de son histoire. Ce roman montre comment la dissimulation a brisé les destins de ses personnages. Chacun d’entre eux m’a beaucoup remuée, chacun à sa manière.

    Je dois reconnaître au demeurant, que le style m’a moins embarquée que les fois précédentes, j’ai moins eu l’impression de retrouver cette petite pointe d’africanité –si je puis me permettre- qui fait que l’auteur donne habituellement du relief à la langue française. C’est un texte écrit il y a plusieurs années déjà, raconte l’auteur dans une petite vidéo pour le lancement de son roman. Est-ce le travail de reprise du texte aujourd’hui qui lui donne cette saveur différente ? J’espère que la langue de l’auteur n’est pas en train de perdre toutes les petites aspérités, toutes les petites particularités qui font que son héritage enrichit et magnifie la langue qu’elle utilise. J’avais aimé l’impression très forte d’avoir dans l’oreille la voix du conteur, la marque de la tradition orale africaine dans le roman Les aubes écarlates et j’avoue que cela m’a un peu manqué dans celui-ci.

 

   Roman lu dans le cadre des 07_chronique_de_la_rentree_litteraire. Retrouvez aussi l’avis de Leiloona.

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