Pardonnable, impardonnable – Valérie Tong Cuong

pardonnable    Le titre était déjà tout un programme, le roman est une belle leçon de vie. Vous n’en ressortirez pas indemne.

    Milo a douze ans, c’est un jeune garçon plein de vie. Avec sa tante Marguerite, ils décident d’aller faire du vélo. Mais d’une situation toute banale surgit le drame : Milo chute gravement et il faut l’hospitaliser. Survivra-t-il ? Et si oui, avec quelles séquelles ? Céleste et Lino, ses parents, ainsi que Jeanne sa grand-mère se précipitent à son chevet. Chacun va tenter de comprendre comment on en est arrivé là. Et derrière ce drame vont se réveiller toutes les angoisses, toutes les tensions, tous les mensonges qui s’étaient cristallisés jusqu’alors.

    Si tout le monde aime cet enfant, il est bien vite évident que les adultes, eux, s’aiment d’une drôle de façon ou ne parviennent pas du tout à s’aimer. Dans ce roman choral, chacun va, au fils des pages, faire la douloureuse expérience de l’introspection. Une histoire dans laquelle personne n’est vraiment innocent et où ceux qui semblent le plus coupable ne le sont sans doute pas.

    On tourne les pages de ce roman avec avidité mais le coeur serré. Le changement de voix narrative participe de cette envie de lire toujours un peu plus et de comprendre comment chaque événement va être rapporté et éclairé par une des autres voix. La question est de savoir, à l’instar d’un petit jeu entre Milo et sa tante, ce qui se pardonne et ce qui ne se pardonne pas. Si dans les premières pages, on pense savoir qui sont les coupables, on découvre peu à peu, que chacun porte en soi sa propre part de culpabilité. Loin de proposer un message qui se voudrait accablant, l’auteur va chercher la petite part de chacun de nous de laquelle peut resurgir le meilleur même après avoir franchi les limites de l’acceptable.

     Dans ce roman, vous allez rencontrer des êtres brisés par les secrets, les non-dits, l’impossibilité d’aimer ou de se faire aimer. J’ai copieusement injurié la grand-mère pendant ma lecture et c’est le personnage auquel j’en veux encore, une fois le livre refermé. J’ai souffert pour Lino et Céleste qui ont eu à traverser tant de choses, ensemble mais aussi chacun de leur côté. Mon personnage préféré est sans conteste Marguerite, celle qui n’a jamais rien reçu, qui a dû grandir dans l’ombre, en faisant le moins de bruit possible jusqu’à ce qu’elle découvre enfin l’amour sans condition que seul est capable de vous offrir un enfant. La complicité qu’elle crée avec Milo, leurs petits rituels souvent très enfantins sont la preuve que le bonheur existe dans les choses les plus simples.

    Je vous conseille ce roman pour la force de ses personnages, pour l’habileté de sa construction mais aussi pour la jolie plume de l’auteur.

Quelques phrases au gré des pages : 

* Je sais aujourd’hui qu’il faut se méfier de l’euphorie. Elle nous transporte loin des monstres qui nous hantent, loin des dangers qui guettent, si loin qu’on ne revient jamais plus les affronter. On se croit tiré d’affaire, passé à autre chose. On décrète les dossiers classés, tandis qu’ils nous consument lentement.

* On peut accorder son pardon sans qu’une demande soit formulée. C’est une affaire intime. Je ne te pardonne pa pour toi, mais pour moi. Ce n’est pas une faveur que je t’accorde, c’est moi que je libère. […] il fallait que je puisse refermer le dossier. Je n’oublie rien, je n’excuse rien, mais je pardonne, ce qui est fait est fait, rien ne changera le passé en revanche, il nous appartient de modifier l’avenir.

* Nous avons terminé le puzzle de nos vies, cette fois nous possédions toutes les pièces et, ensemble, nous avons réussi à les remettre dans le bon ordre.

Les avis de Leiloona, Cajou, Jostein, Micmelo, Séverine, Lionel, l’Irrégulière, Clara

30 réflexions au sujet de “Pardonnable, impardonnable – Valérie Tong Cuong”

  1. J’aime beaucoup ton billet dans lequel je reconnais tout à fait ce que j’ai ressenti en lisant ce roman. Comme toi j’ai bcp injurié cette grand-mère et comme toi, j’aurais du mal à la pardonner. Mais tout autant de mal à pardonner Lino…
    Marguerite fut vraiment le rayon de soleil de ce roman, je l’ai aimée d’amour ^^
    Cajou

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