Fais de moi la colère – Vincent Villeminot

    Après avoir dévoré plusieurs romans pour la jeunesse de Villeminot, j’étais curieuse de lire son premier roman pour adultes. Fais de moi la colère atteste d’un très grand talent.

    La mère d’Ismaëlle est morte en la mettant au monde. Tout son univers s’est construit avec et autour de son père. Alors le jour où il se noie, la laissant totalement orpheline, elle tente de surnager comme elle peut. Pour survivre, elle tente de devenir pêcheur à son tour. Mais aussi de protéger son corps des tentations d’hommes. C’est alors que des corps morts se mettent à infester le lac, toujours plus nombreux. Venant d’on ne sait où… C’est alors que la jeune femme va rencontrer Ezéchiel, fils d’un « Ogre africain ». Fais de moi la colère est l’histoire de leur rencontre et de leur combat contre le Monstre…

    Ce roman, je l’ai choisi dans la liste des Matchs de la rentrée littéraire 2018. Un peu par dépit, je dois le reconnaître… après avoir longuement hésité dans ma sélection. Une liste pleine de pépites, certes, mais dont les histoires ne m’attiraient pas plus que cela. Néanmoins, la curiosité de découvrir une autre facette du romancier était une vraie motivation. Et puis, quel titre !

    J’ai été happée par les cent premières pages, éblouie par un style admirable. La poésie coulait de phrase en phrase, tintant dans mes oreilles, faisant battre mon coeur un peu plus fort. L’auteur a réussi à mélanger de manière très réussie des passages fort triviaux avec une langue ciselée et musicale. Bluffée, j’ai été. De découvrir que derrière l’homme qui raconte des histoires palpitantes aux adolescents, il y a également ce chef d’orchestre des mots ! Et puis j’ai été littéralement touchée par Ismaëlle et son histoire.

    Ce roman a la particularité de nous embarquer dans un univers à la fois ancré dans notre époque et complètement déconnecté. Cela crée une sorte de dissonance remarquable. Néanmoins, je dois reconnaître que mon engouement  s’est étiolé quand la voix d’Ezechiel a commencé à se faire entendre. Ai-je manqué de trop des références qui sous-tendent l’histoire ? L’excès de poésie a-t-il tué la poésie ? Je ne saurais le dire. Ce qui est certain, c’est que j’ai décroché. A la page 194… K.O… rideau… au tapis, la Stephie…

    Je lirai à coup sûr le prochain texte de Vincent Villeminot, dont le style est d’une force telle qu’on en croise que trop peu dans le paysage littéraire actuel. Je ne serais pas étonnée, comme pour Laurent Gaudé, de retrouver prochainement des extraits de Fais de moi la colère dans des listes ou sujets de bac.

    L’avis de Noukette, qui n’a d’abord pas aimé pour se laisser emporter ensuite.

 

12 réflexions au sujet de “Fais de moi la colère – Vincent Villeminot”

  1. C’est marrant ce que tu dis parce qu’effectivement j’ai vécu l’expérience inverse…! Je suis par contre persuadée, comme toi, que l’on a pas fini d’entendre parler de cet auteur !

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